Béziers : La Feria 2022
Reseñas Nadine Regardier, photos Michel Volle
Une Miurada de très bonne tenue, animée et variée.
-Domingo Lopez Chaves (bleu marine et or) : oreille – avis et silence.
-Manuel Escribano (noir et or) : avis et vuelta – silence.
-Ruben Pinar (turquoise et or) : 2 oreilles -2 oreilles.
Président : M. Daudé. 4/5 d’arène. Chaud et ensoleillé. Sortie a hombros de Ruben Pinar
Vuelta posthume pour le 3ème Miura « Luminario » Prix du meilleur picador à Juan Francisco Pena au 6ème. Escribano ayant été blessé à son premier toro, on a inversé l’ordre des deux derniers et il n’a toréé qu’en sixième position tandis que Ruben Pinar passait en cinquième.
Des toros de Miura bien présentés dans le type, hauts, longs, charpentés et lourds, avec des comportements intéressants et variés. Le troisième, honoré d’un tour de piste contestable, avait la noblesse d’un bon Domeq, les autres, plus Miura, allaient de compliqués à très dangereux à l’instar du dernier qui nous gratifia d’un grand tercio de varas, les précédents ne s’étant pas particulièrement distingués sous les piques. Satisfaction également du côté des hommes qui ont répondu présent et si Ruben Pinar l’a emporté haut la main avec 4 oreilles, Lopez Chaves avec une seule s’est montré un excellent lidiador tandis qu’Escribano a confirmé sa vaillance et son pundonor, mais un passage à l’infirmerie après une cogida l’a empêché de s’affronter réellement au dernier très dangereux.
Deux rencontres sans éclat pour le premier Miura limité de charge, violent et pas franchement coopératif à la muleta, particulièrement sur le piton droit. Lopez Chaves va réaliser une faena principalement gauchère d’une grande qualité technique, en améliorant sa charge sur ce piton et en parvenant à enchaîner quelques naturelles de très belle facture avant de tuer l’adversaire d’une grande épée et de récolter une oreille amplement méritée. Le quatrième, brindé à Castella, prend 2 piques en poussant sous la première. Devant ce Miura qui manque un peu d’allant mais du genre sournois toujours prêt à te faire un extraño quand tu ne t’y attends pas, Lopez Chaves va à nouveau montrer ses talents de lidiador et réaliser une faena très sérieuse et méritoire qui toutefois transmet peu sur les gradins parce que plus technique qu’artistique. Il sera injustement sifflé après avoir mis un trois quart de lame long d‘effet alors que le toro était dans une position qui rendait le descabello impossible.
Escribano reçoit d’une larga de rodillas le second Miura qui affiche des intentions douteuses dans le capote et s’agenouille sous deux piques anodines. Au dernier tiers, le toro compense la faiblesse par la violence et se défend sur place en derrotant. Escribano va au charbon et parvient à lui tirer une petite série droitière avant de se faire prendre violemment de façon spectaculaire et de se retrouver au tapis sur une passe gauchère, la taleguilla complètement déchirée. Il ira chercher l’épée, mais têtu, resservira trois naturelles et un desplante à cet âpre adversaire. Entière tombée, descabello et passage à l’infirmerie. Il ne reviendra que pour toréer en sixième position. Diminué et avec apparemment un problème au poignet, il va mettre le paquet sur le premier tiers, c'est-à-dire sur ce que son état physique lui permet de faire en réduisant les efforts. En chemise et gilet et avec des jeans raccourcis, il traverse la piste pour accueillir le dernier Miura aux armures impressionnantes à porta gayola, tandis qu’un silence de mort règne dans les arènes. Il le placera au centre de la piste pour une première rencontre lors de laquelle le toro fuse sur le cheval et saute sur le picador. Replacé encore plus loin à trois reprises, le Miura s’élancera allègrement à chaque fois pour aller prendre des piques parfaitement exécutées tandis que la musique joue. Il aurait pu en prendre encore une et même deux sans problème mais le Palco a fait sonner les clarines. Grande ovation a Juan Francisco Pena le piquero. Ni en état de banderiller ni surtout de maîtriser avec la muleta ce Miura excessivement dangereux qui n’arrête pas de marcher sur l’homme, Escribano lui sert quelques passes de châtiment sans effet et va chercher l’épée sans que personne n’y trouve à redire. ¾ plate trasera et 3 descabellos.
Le troisième Miura prend volontiers deux piques, la seconde en partant du centre mais en s’employant moyennement dans le peto. Par contre au dernier tiers, il va se révéler d’une noblesse sans faille que Ruben Pinar saura exploiter lors d’une faena enlevée, au rythme soutenu, enchaînant de belles séries templées sur les deux bords avant de finir à genou pour une conclusion plus tremendista qui met les gradins en émoi. Entière portée avec sincérité et deux oreilles à la clef. On s’était pris à oublier un moment qu’on assistait à une Miurada ! Dans ce contexte, récompenser un toro pour sa noblesse n’était peut-être pas vraiment nécessaire. Son deuxième opposant affiche des intentions peu catholiques dans le capote et se révèle manso lors de quatre rencontres dont il sort très vite au galop. Cette seconde faena de Ruben Pinar sera plus intéressante que la première car le Miura cette fois est beaucoup plus compliqué et violent dans les passes. Mais il ne se laisse pas impressionner et fait face à la situation avec courage, obstination et de très bons reflexes et réussit petit à petit à s’imposer particulièrement sur le piton droit avant de conclure sur une estocade logée jusqu’à la garde et de couper à nouveau deux oreilles de plus de poids que les premières vu la difficulté de l’adversaire.
Novillada non piquée de la matinée du 15 août…
Trois erales de Yonnet (1, 3 et 6) justes de forces, assez compliqués, les trois autres de Margé, plus exploitables
-Fabien Castellani (ET Pays d’Arles – silence)
-Miguel Losana (Et Toledo – oreille)
-Lenny Martin (Et Béziers – vuelta)
-Alberto Donnaire (ET Valencia – silence)
-Javier Aparicio (ET Castellón – silence)
-Martín Morilla (ET Osuna – silence)
Y’avait-t ’il un toro dans l’arène ?
-El Juli (bleu pétrole et or) : silence – silence.
-Juan Ortega (vert olive et or) : silence – silence.
-Pablo Aguado (bleu nuit et or) : oreille – 2 avis et silence.
Président : M.Daudé. Soleil. ¾ d’arène.
Si l’on veut tuer la tauromachie, il suffit de continuer à présenter des toros comme ces Luis Algarra de Béziers, car comment défendre la corrida quand on voit ce défilé d’ablettes sans race, qui n’ont ni la force ni l’envie de se battre, venir se faire tuer en public par des hommes vêtus de lumière dont on vante le courage et l’honneur. Comment justifier ça à mon voisin qui voit une corrida pour la première fois, car ça ne ressemble en rien à ce qu’on lui avait vanté de ce spectacle ? Mission impossible !
Le Juli réalise une faenita sans transmission devant un premier toro de petite maille, piqué pour le fun, fade et sans charge. Pinchazo et entière. Il renonce rapidement après quelques tentatives infructueuses face au quatrième qui charge court et proteste dans la muleta. Le toro se couche après deux pinchazos (le second hondo !)
Juan Ortega est encore moins chanceux avec le plus mauvais sorteo du jour (si tant est qu’il y en ait eu un de bon !) Cependant , on ne lui pardonnera pas le mépris du premier tercio qu‘il affiche en plaçant à deux reprises à l’intérieur des lignes un premier adversaire qui se plombe très vite en début de faena, ni ce geste déplacé alors que le public lui demande de tuer rapidement le toro, de toucher la corne de ce dernier complètement arrêté avant d’aller chercher l’épée comme s’il venait de réaliser une faena de dominio. Demi-lame. C’est encore le public qui lui demande d’abréger devant un cinquième Algarra pratiquement invalide qui semble mort debout.2 pinchazos et entière.
Devant le troisième qui a un peu plus de jus mais va s’éteindre peu à peu, Pablo Aguado réalise une faena esthétique, en privilégiant la lenteur du geste mais en abusant aussi du pico. L’estocade foudroyante qui conclut sa prestation lui permet de couper la seule oreille de la tarde. Le dernier ressemble un peu plus à un toro. Bien que soso et ne débordant pas de force, il affiche cependant une certaine noblesse et répond de loin aux cites d’Aguado qui aura le mérite de mettre en valeur le potentiel de son adversaire lors d’une faena agréable, bien templée et qui se termine sur des naturelles de face et pieds joints, devant un toro qui, il est vrai, n’a plus beaucoup de force. Sa maladresse à la mort le privera d’un autre trophée et il échappera de peu au troisième avis. 2 pinchazos, entière et 3 descabellos. Il écoute quelques sifflets pour avoir trop fait durer avant de prendre le descabello.
Puerta grande pour Lopez Simon
-Antonio Ferrera (vert sapin et or) : bronca – oreille.
-Alberto Lopez Simon (marron et or) : oreille – 2 oreilles.
-Carlos Olsina (bleu piscine et or) : salut – oreille.
Président : M.Daudé. Temps couvert. 2/3 d’arène.
Joli lot de toros de Robert Margé, tous cinqueños sauf le dernier de 4 ans. Sans être spectaculaires au cheval, les Margé ont assuré pour la plupart sous les piques avec une chute au 3ème et ont eu des comportements intéressants à la muleta, supérieur le 4ème, plus compliqués les premier et dernier. Ils ont tous été applaudis à l’arrastre.
Le premier toro pousse sous deux piques, la première trasera et appuyée, la seconde carioquée. Devant cet adversaire qui charge court et derrote dans la passe, Ferrera est sur la défensive et la reculade et abandonne très vite le combat sous les sifflets du public. Entière basse par le périphérique. Le quatrième pousse également sous une longue pique carioquée mais sort plus facilement de la seconde rencontre. Bronca au second tercio pour la médiocrité de son exécution. . Après un brindis à Sébastien Castella, il va tirer profit de la noblesse du Margé principalement sur le piton droit et sans donner à sa prestation la dimension qu’on était en droit d’espérer avec ce toro qui chargeait et répétait avec beaucoup de codicia dans la muleta. Demi- lame concluante.
Le second toro charge avec fougue la cavalerie à deux reprises sans beaucoup s’employer ensuite dans le peto. La faena débute fort avec quelques passes por alto et 3 ou 4 belles séries droitières enchaînées au centre avec une intensité qui va décroître quand Lopez Simon prendra la main gauche, le Margé accusant une certaine faiblesse et se réservant dans sa charge. Final plus encimista pour s’adapter aux conditions de l’adversaire. Belle estocade pour conclure. Premier tercio sans grand éclat avec le cinquième Margé qui par contre a donné un bon jeu à la muleta. Lopez Simon va composer une faena vibrante sur un rythme soutenu, mettant la barre haute dès son entame par doblones, cambiadas et séries droitières qui se suivent dans un enchaînement parfait. Lorsqu’après un passage à gauche de moindre qualité le toro donne quelques signes de distraction et tire un peu aux planches, il va le reprendre dans sa muleta et le saouler de passes ne lui laissant d’autre choix que de suivre l’étoffe. Belle estocade décomposée pour finir, le Margé meurt debout.
Carlos Olsina reçoit joliment au capote le troisième Margé qui charge fort la cavalerie en deux rencontres, provoquant une chute sur le premier assaut. Face à cet adversaire sérieux, le jeune biterrois va se montrer appliqué mais juste techniquement et sa faena manquera de dominio, notamment sur le piton gauche plus compliqué. Demi-lame basse. Rien de notable à la pique pour le dernier toro qui a moins de classe et proteste dans les passes. Face à ce malcommode adversaire, Olsina va réaliser une faena méritante en faisant preuve de beaucoup d’aguante et en réussissant à s’imposer sur quelques derechazos de qualité. Pinchazo et ¾ de lame.
Observation : L’écarteur landais Baptiste Bordes est intervenu à la sortie du sixième toro et a reçu une belle ovation.
Novillada matinale décevante au niveau des élevages
Six novillos issus d’élevages français différents : Yonnet, R. Durand, R. Margé, Pages-Mailhan, Camino de santiago et San Sebastian
-Jorge Martinez (fuschia et or) : salut – oreille
-Christian Parejo (blanc et plata) : 2 oreilles – silence
-Lalo de Maria (chocolat et or) : 2 oreilles – avis et silence
Président : B.Mula. Soleil et nuages. 1/3 arène.
Tastevin d’argent décerné par l’UT.B au meilleur novillero : Christian Parejo .
Prix du meilleur novillo décerné par le club taurin Aficion de Béziers : N°160 de Margé.
La déception de cette matinée est venue principalement des novillos de présentation médiocre pour certains, comme le Yonnet par exemple qui arborait de vilaines cornes basses. Ils ont pratiquement tous manqué de force avec des génuflexions à répétition, ont été épargnés à la pique (7 rencontres) et ont donné très peu de jeu à la muleta à part le Margé le plus sérieux au physique et le plus complet de comportement ainsi que dans une moindre mesure le novillo de Durand. Les novilleros, quant à eux, ont bien du s’adapter à la situation et ont finalement tous coupé, Lalo de Maria et Christian Parejo sortant a hombros, ce dernier avec deux oreilles de plus de poids qui lui ont valu de remporter le Tastevin d’argent.
Le novillo de Yonnet, tardo, faible et qui finit aux tablas, laisse peu d’options de triomphe à Jorge Martinez qui s’efforce tout de même de remplir son contrat avec une certaine maîtrise et élégance dans le geste mais l’émotion n’est pas là. Bajonazo efficace. Guère plus chanceux avec le novillo de Mailhan qui charge court et ne transmet guère, il réalise une faena honnête mais un peu soporifique qui s’éternise avec les incontournables dosantinas devant le novillo arrêté. Entière et oreille minoritaire.
Christian Parejo canalise bien la charge vive du novillo de Durand à sa sortie avant de soigner la mise en suerte au cheval pour deux piques sous lesquelles le bicho s’emploie moyennement. Face à ce novillo faible mais pas évident, le jeune novillero va faire preuve de beaucoup de courage, d’aguante, d’entrega et d’entêtement, et au prix de quelques bousculades sans gravité, parviendra à dominer son adversaire. Trois quart de lame concluant et deux oreilles de poids amplement méritées. Il n’y aura pas grand-chose à tirer du Camino de Santiago, un manso de première, arrêté et qui se défend sur place. Le protegé de T. Cerqueira tente de lui voler quelques passes dans son terrain sans autre résultat cette fois que quelques volteretas et désarmés. Entière en place.
Le novillo de Margé est le seul qui se distingue en poussant au cheval, on aurait aimé le voir sur une seconde rencontre. Ce novillo quoiqu’un peu faible également, s’avère d’une noblesse sans aspérité et permet à Lalo de Maria de réaliser une faena agréable composée de quelques séries de belle facture sur les deux cornes, bien que l’ensemble manque un peu de rythme et de spontanéité. L’entière foudroyante qui conclut sa prestation lui permet de couper deux oreilles. Il devra se contenter de faire du toreo de salon devant le novillo de San Sebastian faible et sans option. Pinchazo, entière et 3 descabellos.
Une ouverture en demi-teinte.
-Lea Vicens : silence – avis et silence.
-José Maria Manzanares (bleu roi et or) : silence – silence.
-Andrés Roca Rey (châtaigne et or) : oreille – 2 avis et silence.
Président : M.Daudé. ¾ d’arène. Temps chaud et lourd.
Une minute de silence à l’issue du paseo pour André Masson et Christian Gonzalez, deux personnalités taurines biterroises.
Que ce soit les deux toros de Bohorquez ou les Victoriano del Rio, les toros ont manque de force ou de race ou les deux et ont offert peu d’options de triomphe, excepté le dernier qui a donné plus de jeu à la muleta après un tercio de varas inconsistant.
Lea Vicens est repartie bredouille, son premier toro plus intéressé par les planches que par le cheval ne lui ayant pas permis de briller et ses échecs à répétition avec le descabello face au quatrième qui permettait un peu plus mais s’est éteint assez vite ayant terni sa seconde prestation.
Manzanares est reparti lui aussi les mains vides. Certes, il n’a pas été très chanceux avec le sorteo mais il n’a pas non plus donné l’impression d’être personnellement dans une grande forme. Il reçoit le premier Victoriano qui sort sans grande fougue d’une jolie série de véroniques pieds joints mais après un tercio de varas anodin et sans saveur, le bicho affiche très vite une attirance marquée pour les planches. Après avoir subi une violente voltereta en essayant de le toréer dans son terrain, le torero alicantin, impuissant à le sortir de là, écourte les débats d’une entière efficace. C’est en jeans raccourcis au genou qu’il revient pour le cinquième Victoriano qu’il va faire piquer excessivement en deux rencontres, la première poussée. D’abord sur ses gardes face à ce toro affaibli qui derrote et lui vient dessus, il finit par enchaîner quatre séries de derechazos qui ne resteront pas dans les annales et ne tue qu’au troisième essai par manque d’engagement.
Même s’il n’a coupé qu’une petite oreille, Roc Rey a affiché une fraîcheur et une envie de toréer qui ont impacté le public. Après un simulacre de piques pour ne pas affaiblir davantage son premier adversaire qui charge court à droite et n’avance pas à gauche, il parvient à construire une petite faena, le geste est joli, l’envie est là, le résultat pas vraiment probant mais l’épée est concluante et le palco finit par accorder l’oreille demandée par le public. Nouveau simulacre de piques avec le dernier Victoriano qu’il brindera à Robert margé. A noter que ce sera le seul et unique brindis de la tarde. Noble, avec de l’allant, ce toro va lui permettre de donner plus d’intensité à une faena composée de belles séries sur les deux bords, le péruvien enchaînant les passes, main basse et compas ouvert, avec une aisance et une facilité remarquables. Mais la faena dure un peu trop, le Victoriano se réfugie aux tablas où il désarme Roca Rey qui veut avoir le dernier mot et revient dans son terrain pour lui servir une magnifique série de luquecinas en guise de conclusion. Malheureusement son échec à la mort (entière et 7 descabellos) le privera d’une sortie par la Puerta Grande.
Beziers: Feria 2021
Béziers 6eme : Manzanares domine la tarde
Toros de Garcigrande y Domingo Hernández (4 ° y 5 °),
-Antonio Fererra (bleu canard et or) : oreille – silence
-José Maria Manzanares (rouge et or) : silence – 2 oreilles.
-Juan Ortega (blanc et noir) : avis et silence – oreille.
Président : M.Daudé. Temps estival et vent gênant par moments. 4000 spectateurs environ.
Lot de toros hétérogène, plutôt second choix niveau présentation, assurant sans plus au premier tiers excepté le quatrième qui provoqua une chute de la cavalerie. Maniable le premier, dans une moindre mesure le dernier et le cinquième inventé par Manzanares, les trois autres manquèrent cruellement de race.
Ferrera exploite la noblesse du premier Garcigrande dans une faena proprette et à l’économie en se gardant tout le long une bonne marge de sécurité. Oreille après un recibir réussi. Le quatrième aux allures de cabestro met un peu d’animation au premier tiers en provoquant une chute du cheval après l’avoir poussé jusqu’aux planches et en cueillant au passage, mais sans mal, le picador. Sur ses gardes devant ce toro distrait qui s’arrête dans la passe en cherchant l’homme, et avec un vent tout de même gênant, Ferrera ne cherche pas longtemps à résoudre le problème, quelques tentatives sur chaque corne et a por espada. Après une mise à mort totalement défectueuse, il ne laissera pas un grand souvenir de cette tarde. Demi-delantera par les extérieurs, 4 pinchazos et entière basse.
Manzanares fait le job devant le second, un toro de presque 6 ans sans aucune race, qui lève la tête en fin de passe et lui accroche presque systématiquement la muleta avant de finir carrément sur le reculoir face aux cites en fin de faena, ce qui ne facilitera pas la mise en suerte pour la mise à mort. Entière concluante. Le cinquième pousse un peu sous la première pique. Il s’agenouille dès la première passe de muleta et affiche au départ une charge flageolante et désordonnée qui ne laisse rien augurer de bon. Et pourtant Manzanares va petit à petit le transformer et le bonifier tout au long d’une faena à la fois technique et très esthétique d’une grande classe, en alternant sur les deux cornes et en laissant respirer l’adversaire avant de l’embarquer dans de nouvelles séries enchaînées avec un temple majuscule. Il conclut sur un estoconazo et coupe deux oreilles.
Face au troisième sans charge, qui proteste dans la muleta et se plombe rapidement, Juan Ortega nous sert une faena longuette et en pointillés, en un mot soporifique. Entière et 4 descabellos. Une jolie réception au capote et un début de faena stylé face au dernier de la tarde qui fait illusion sur les premières passes mais qui va assez vite baisser de ton. Egal à lui-même, Ortega reste quieto et joue les cartes de la lenteur et de l’esthétique qui ne suffisent cependant pas toujours à régler les problèmes. Demie concluante, une oreille qui se discute.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.
Béziers 5eme : Sortie en triomphe pour Lenny Martin
Raphael Ponce de Leon et El Melli se voient octroyer chacun un trophée tandis que Lenny Martin s’ouvre la grande porte après avoir coupé deux oreilles à son opposant du fer de Margé. L’autre faena de cette novillada sans picadors est à mettre au crédit d’El Melli qui semble près pour le passage à l’échelon supérieur. Le mauvais maniement de l’acier lui fait perdre une double recompense. L’élève du Centre Français de Tauromachie Raphaël Ponce de Léon ayant coupé lui un pavillon au becerro d’ouverture.
Novillada matinale sans picadors de Robert Margé
-Ponce de León (Nîmes), oreille
-Jean Baptiste Luq (Adour Aficion), silence
-El Melli (Sanlúcar de Barrameda), oreille après avis
-Aaron Rull (Castellón), palmas
-Lenny Martin (Béziers), deux oreilles
- Antonio Plazas (Arles), palmas après avis
Béziers 4eme : Puerta Grande pour Lopez Simon
Six toros de Robert Margé
-David Fandila El Fandi (bleu nuit et noir) : vuelta – silence
-Miguel Angel Perera (ocre et or) : avis et silence – silence.
-Alberto Lopez Simon : 2 oreilles – oreille.
Président : M. Daudé. Chaud avec petite bise. 4000 personnes environ. Vuelta au 3ème toro, Conche n°158. Toros correctement présentés, plutôt légers et offrant des pelages variés qui sont allés au cheval volontiers sans se distinguer particulièrement dans le peto. Des comportements divers ensuite mais globalement intéressants, les trois derniers s’avérant plus compliqués.
Avec deux largas de rodillas et un tercio de banderillas enlevé, El Fandi a mis le public biterrois (facile à contenter !) dans sa poche. Mais le premier Margé, mobile, noble avec un certain piquant, méritait mieux que cette faena de muleta pueblerina, souvent marginale et sur le recul que lui a offert le granadino, dont on ne retiendra que quelques passes de meilleure facture données sur le piton gauche, le moins compliqué. Bajonazo et forte pétition d’oreille, fort heureusement refusée par le palco ! Encore très applaudi aux banderilles face à son second opposant auquel il pose quatre paires dont deux al violin, il attaque sa faena à genou mais le bicho l’oblige à se relever dès la seconde passe et le met en difficulté par des retours prompts et violents dans la muleta. S’ensuit une parodie de faena, faite de reculade et de chiffonnade conclue d’un ¾ de lame tombée.
Le second est un beau sardo qui prend deux piques sans grand éclat. Après une entame stylée par doblones, Perera dessine quelques belles séquences droitières en allongeant la charge courte et un peu brusque de son adversaire qui s’avèrera moins claire sur le piton gauche. Il revient donc sur la droite avec une fin de faena moins convaincante devant un toro qui se défend de plus en plus dans la passe. 2 pinchazos et entière sans grand engagement. Faena volontaire et entêtée face au cinquième à la charge incertaine, particulièrement à droite, qui n’humilie guère et se retourne rapidement sur l’homme. Une petite frayeur au final quand il s’embronche tout seul et tombe devant le toro qui l’écarte pour s’intéresser à la muleta. Entière trasera.
Le troisième s’élance à deux reprises au cheval mais se montre très peu combatif sous le fer. Par contre il va faire preuve au dernier tiers d’une belle noblesse encastée que Lopez Simon va mettre à profit pour réaliser une faena ambidextre de bon goût et de finesse et d’une grande pureté. Mise en valeur du toro en le citant de loin et de face, sobriété et lenteur du geste pour conduire sa charge le plus loin possible, sincérité dans le placement, bref une faena à vous régaler les yeux et à vous redonner de l’aficion. Entière légèrement caida fulgurante, le président tombe les deux mouchoirs sans hésiter. Le dernier s’avère compliqué dès sa sortie en piste avec une charge très imprévisible. Lopez Simon n’a toutefois pas baissé les bras et s’est réellement arrimé pour tenter de s’accorder avec ce Margé compliqué sur quelques séquences très méritantes. Entière basse efficace.
Prix du meilleur tercio de varas à P. Doblado qui a piqué le second toro.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.
Béziers 3eme : Parejo remporte le Tastevin d’Argent
Six novillos de Cuillé
-Carlos Olsina (bleu marine et or) : silence – oreille
-Arturo Gilio (violette et or) : avis et oreille – vuelta
-Christian Parejo (marron glacé et or) : oreille – oreille.
Président : M.Daudé. Très chaud. 1500 personnes environ.
Lot de novillos commode de présentation et homogène dans la faiblesse, la fadeur et le manque de transmission.
Sans vraiment s’imposer, Olsina a fait des efforts méritoires devant le premier novillo qui charge court et le serre, lui occasionnant deux belles bousculades, le première dès la première passe de capote donnée au centre, l’autre sur sa première série de derechazos à genou .Pinchazo et demie a recibir. Sa faena devant le quatrième faible mais très maniable sera plus aboutie et nous offrira quelques bonnes séquences sur les deux cornes avec un appendice à la clef.1/3 caida .
Le second Cuillé affiche une certaine fougue à sa sortie du toril, d’ailleurs bien canalisée dans le capote de Gilio, qui malheureusement ne se confirmera pas ensuite. Mais le bicho s’avère maniable et le novillero saura l’exploiter lors d’une faena de facture classique intelligemment construite qui lui vaudra une oreille. Pinchazo, entière caida. Le cinquième tardo, faible et totalement insipide ne lui offrira guère d’options de triomphe malgré son entêtement à lui arracher des passes .Pinchazo et ¾ efficace.
Christian Parejo hérite d’un premier adversaire qui n’a aucun jus et se plombe rapidement. Des efforts méritoires peut-être pour le faire avancer mais d’une efficacité très relative et qui auraient mérité d’être écourtés pour épargner un public lui aussi plombé par un soleil qui chauffe à blanc. Il amène son novillo au centre pour le tuer. Voltereta sur une estocade foudroyante qui lui permet de couper une oreille. Son envie sera mieux récompensée par le dernier novillo qui a un peu plus de tamaño, de cornes et de charge et lui permet de s’exprimer davantage. Il tue à nouveau au centre. Entière delantera et entière en place.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.
Béziers 2eme : Peu d’étincelles.
Six toros de Torrealta
-Daniel Luque (vers sapin et or) : oreille – silence
-Emilio de Justo (rouge et or) : vuelta – silence
-Juan Leal (rouge sang et or) : oreille – avis et silence.
Président : M.Daudé. Temps chaud et ensoleilé. Environ 3000 personnes.
Lot de toros homogène, bien présentés avec des armures sérieuses, sans éclat au cheval, manquant de transmission et s’éteignant rapidement au dernier tiers.
Le premier Torrealta ne déborde pas d’énergie dans le capote de Luque mais il semble monté sur roulettes et c’est le seul qui tiendra à peu près jusqu’au bout d’une faena. Après un tercio de varas sans histoire et un quite partagé avec Emilio de Justo, Luque va réaliser une faena avec un minimum de déplacements, citant son adversaire de loin pour l’embarquer dans de longs derechazos en rond avec beaucoup de temple et de relâchement. Le bicho s’avère moins docile sur le piton gauche mais il règle le problème avant de revenir sur la droite pour tirer encore quelques belles séries du noble Torrealta. Entière trasera caida et 2 descabellos. Le quatrième rentre avec une certaine violence dans le peto sans s’y investir outre mesure. Cette fois Luque aura du mal à enchaîner avec ce toro tardo qui lève la tête dans la passe. Après quelques tentatives laborieuses pour lui arracher des passes isolées, il écourtera, façon de parler car la mise à mort sera également très laborieuse. 3 pinchazos, pinchazo hondo et 3 descabellos.
Emilio de Justo se montrera peu inspiré et souvent marginal malgré quelques bons passages devant le second Torralta d’une noblesse insipide qui il est vrai ne l’aide guère à se transcender. Entière tombée concluante. Le cinquième s’endort sous les piques et ne semblera guère plus éveillé durant la faena besogneuse d’ Emilio de Justo qui se verra obligé de lui arracher au forceps des passes isolées. Entière tombée.
Juan Leal reçoit le troisième par deux cambiadas de rodillas plein centre suivie d’une série de derechazos enlevée qui met le public biterrois en émoi. S’ensuit une faena entièrement droitière, très marginale du fait de la position du torero qui est quasiment cassé en deux pour allonger le bras au maximum. Mais le manque d’endurance de son adversaire qui se plombe de plus en plus l’oblige rapidement à réduire les terrains pour finir sur une petite séquence maison dans les cornes. Très belle estocade engagée qui peut justifier l’oreille accordée par le palco, même si ce n’est pas pour cette raison qu’elle a été sollicitée par le public, qui d’ailleurs en aurait aimé une seconde. Et la main gauche au fait ? Curieusement, mais on s’en félicite, il va rester dans un registre plus sobre et plus classique face au dernier, un toro maniable mais fade et qui s’éteint lui aussi au cours d’une faena qui ne transmet guère par manque de profondeur. Mort laborieuse. Entière trasera après 5 pinchazos.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.
Béziers 1ere : Mise en bouche décevante
Deux toros de Fermin Bohorquez (rejon) et quatre de Victoriano del Rio
-Léa Vicens : salut – oreille.
-Andrés Roca Rey (bleu marine et or) : silence – 2 avis et salut.
-El Rafi (gris et or) : avis et salut – 2 avis et silence.
Sobresaliente : J.Banti
Président : M. Daudé. Soleil et petite bise. 6000 personnes environ.
Léa Vicens posa d’emblée deux rejons avec Guitarra, meilleure la pose du second, puis avec Diluvio, elle se fit applaudir aux banderilles, en posant trois sur un bon rythme avant deux courtes, l’affaire étant conclue par rejón au troisième envoi puis descabello. Son second avait moins de fixité, s’avérant rapidement distrait, pour ne pas dire manso, mais Léa afficha une belle détermination, notamment montée sur Bético puis Jazmín. Belle leçon d’autorité et de temple qui après un rejón concluant lui a valu l’unique trophée de la tarde.
Quatre Victoriano de présentation plutôt hétérogène qui ont assuré sans grand éclat au premier tiers avec des secondes rencontres la plupart symboliques, maniables sans piquant a la muleta.
Roca Rey fait le minimum syndical devant un premier Victoriano sans classe ni trapio, d’une mollesse et d’une fadeur peu propices à une quelconque inspiration artistique. 2 pinchazos et entière sans grand engagement. Il semble plus inspiré avec le troisième qui affiche plus de jus au départ et devant lequel il attaque plein centre par 3 cambiadas à genou avant d’enchainer sur deux superbes séries de derechazos enchaînés avec temple et relâchement, mais le toro va baisser de ton et s’éteindre progressivement et malgré les efforts du péruvien, la faena va perdre de son rythme et deson intensité pour se déliter petit à petit. Toujours pas d’engagement à la mort. 2 pinchazos entière et deux descabellos.
Devant le second Victoriano bravito au cheval et d’une noblesse sans aspérités, El Rafi , après avoir partagé de jolis quites avec son aîné, réalise une faena ambidextre de facture classique, conduisant avec une aisance et une maîtrise affirmées et sur un rythme régulier et soutenu la charge noble de son adversaire. Une prestation qui aurait du mériter une récompense s’il avait mieux tué. 2 pinchazos, tiers de lame er 2 descabellos. Le dernier Victoriano est celui qui a le plus de présence en piste, le nîmois va trouver d’emblée le sitio pour canaliser dans la muleta sa charge allègre sur le piton droit pour trois séries d’une belle intensité, malheureusement le bicho s’avère moins maniable à gauche et accroche le leurre, à partir de là, El Rafi ne parviendra pas à reprendre totalement la main et la faena s’éternise sans raison. 2 Pinchazos et 2 descabellos.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.
Béziers. Dimanche 16 août. 18h00. Festival caritatif. Ambiance festive et bon enfant.
Novillos de Bohorquez (Rejon), Cuillé, Pages-Mailhan, Margé, Fernay, Malaga et Gallon
-Léa Vicens : salut.
-Sébastien Castella : deux oreilles
-Manuel Escribano : deux oreilles
-Miguel Angel Perera : deux oreilles symboliques
-Paco Ureña : oreille
-Carlos Olsina : salut.
Président : M. Daudé. Beau temps. 4500 personnes. Indulto du novillo n°132 de Margé
Le public était bien évidemment acquis à la bonne cause de ce festival dont les bénéfices iront au personnel du Centre Hospitalier de Béziers. En ces temps compliqués de post confinement, de masque obligatoire et de pénurie de spectacles taurins, les spectateurs étaient bien décidés à profiter de leur après midi, à ne pas bouder leur plaisir et à accorder facilement des trophées à des toreros qui n’ont pas manqué de générosité en toréant ce festival, qui ont joué le jeu et tout fait pour donner du plaisir au public malgré des adversaires n’offrant pas toujours de grandes qualités. Beau geste de générosité et de solidarité également que cette idée d’offrir un septième toro et de le toréer en intervenant alternativement. Ce festival se devait bien sûr d’être une réussite, d’autant que c’était également la despedida de Robert Margé après 32 ans à la tête des arènes (qui ont de fortes chances de rester tout de même dans la famille !) et quoi de mieux que de finir sur un indulto qui en d’autres circonstances aurait pu être plus que discutable.
Lea Vicens a hérité d’un novillo de Bohorquez faible et sans charge qui n’a rien enlevé à la qualité de sa prestation mais qui en a terni l’intérêt. Son échec à la mort ne lui a permis que de saluer. Pinchazo demie et 3 descabellos.
Castella reçoit joliment dans son capote le novillo de Cuillé qui serre un peu à gauche. Monopiquette, deux paires de banderillas et brindis à ses compagnons de cartel. Face à cet adversaire juste de force, le biterrois va très vite trouver le sitio pour améliorer sa charge courte et incertaine tout en imprimant à ses séquences droitières un ryhtme et une intensité soutenus qui vont un peu baisser sur un piton gauche plus récalcitrant. Ayant plus de difficulté à lier il se contente d’une petite série et relance sa faena par une démonstration d’aguante, vertical, immobile, les pieds rivés au sol, bougeant seulement les bras pour faire aller, venir et tourner autour de lui au plus près du corps le Cuillé totalement soumis. Il remercie l’orchestre pour le Bolero de Ravel qui a accompagné sa prestation et porte avec décision une entière concluante qui fait tomber aussitôt les deux oreilles.
Après un brindis à Robert Margé, M. Escribano va recevoir a porta gayola le Pagés Mailhan qui s’emploie moyennement sous une pique basse. Du second tiers on retiendra plus particulièrement sa troisième paire, un superbe al violin pour quiebro. Entame par cambiada au centre mais la faena débute laborieusement sur la corne droite face à un novillo réservé qui s’arrête à mi passe. Le torero de Gerena s’efforce alors d’exploiter la corne gauche sur laquelle le novillo semble se livrer davantage et parvient petit à petit à enchaîner quelques séries de naturelles correctement liées mais qui manquent de profondeur, la dernière de face en regardant le public avant de loger une demie lame foudroyante.2 oreilles aussi, on ne fera pas de comparaison avec les précédentes.
Le novillo de Margé prend une pique un peu tombée et rectifiée sans que l’on note grand chose dans son comportement qui annonce un toro d’indulto. Superbe quite par tafalleras d’Angel Perera. Il s’agenouille pour débuter sa faena et prend un tampon impressionnant dans le dos, le novillo ignorant complètement la muleta. Le torero se relève comme si de rien n’était, se plante au centre et enchaîne dans un mouchoir de poche une faena inspirée brindée à Robert Margé qui débute par trois magistrales séries droitières, corps vertical et main basse, allant chercher le novillo et conduisant sa charge sur de longues passes avec un temple remarquable, la muleta toujours planchada, pour lui donner la sortie et le reprendre à nouveau. Sur le piton gauche, le Margé se livre moins volontiers et fait même une ou deux tentatives pour sortir de la passe, mais Perera le happe dans le leurre pour une séquence de luquecinas impressionante qui séduit le public et les premiers « indulto » fusent sur les gradins. Perera sur un signe du président fait encore durer un moment et effectivement le Margé semble prendre de plus en plus de plaisir à suivre cette muleta. Le mouchoir orange tombe. On reparle de la pique ? Allez, non. On ne va pas gâcher la fête…..
Ureña est moins chanceux au sorteo, le novillo de Fernay freine, ne se livre pas franchement dans le capote et s’avère plus hargneux que brave sous un puyazo appuyé dont il sort en fléchissant. Brindis a Castella. Face à cet adversaire tardo, réservé et de peu de charge, Ureña dans le style épuré qui est le sien, va construire à base de patience et de douceur une faena qui certes manquera de rythme soutenu , de liant et de brio mais qui régalera les aficionados par le temple et la pureté de gestes avec lesquels il dessinera plus particulièrement ses naturelles. Il tentera également quelques naturelles de la droite après avoir jeté l’épée, mais le novillo n’avance plus. Entière concluante et oreille.
Avec le Malaga, Olsina, le seul novillero du cartel, hérite du plus gros, du plus laid et du plus mauvais des six. Le seul qui prendra deux piques, mais sans intérêt. Brindis à son ami Escribano. Malheureusement, le novillo manque de race, charge court et se plombe rapidement, laissant peu d’options de triomphe au jeune biterrois qui écourte les débats. Atravesada contraire et pinchazo. Le novillo se couche…..
Avec le novillo de Gallon offert par les maestros qui vont intervenir à tour de rôle, le festival va se terminer sur un joli moment, non pas de competencia comme c’est habituellement le cas dans les corridas, mais de solidarité et de plaisir partagé dans une ambiance festive et bon enfant. Castella le reçoit au capote, Lea Vicens pique le novillo mis en suerte par Escribano tandis que Perera ira au quite et se fera soulever sur la chicuelina de remate. Olsina et Escribano iront quant à eux réaliser une très joli quite al alimon. Ce dernier partagera également les banderillas avec Castella (qui réalisera un superbe quiebro) et Perera tandis que Paco Ureña fera la brega. Lequel également débutera la faena de muleta mais laissant rapidement la place au plus malchanceux de la tarde, Carlos Olsina qui face au manque de force et d’allant de l’adversaire, optera pour un toreo de proximité, enchaînant dosantinas et desplantes. Pour finir, c’est Escribano qui porte l’estocade, un entière d’effet immédiat.
Les six toreros font la vuelta sous des applaudissements fournis. La tarde se termine avec une haie d’honneur formée par les toreros et les areneros pour Robert Margé accompagné de son épouse et de son fils Olivier qui prendra la parole pour lui rendre hommage ainsi que S. Castella, le maire M. Menard et Bernard Mula, président de l’union des clubs taurins biterrois. Sortie par la Puerta Grande pour le ganadero, désormais ex empresa des arènes de Béziers qui avait déjà effectué une vuelta avec Perera après l’indulto de son novillo.
Béziers. 16 août. Novillada sans picadors. 11h00. Oreille pour le valencian
Quatre erales de Robert Margé pour :
-Christian Parejo de l’école taurine de Béziers (palombe et or blanc) : salut après avis
-Tristan Espigue de l’école taurine d’Arles (bleu marine et or) : silence après deux avis
-Javier Camps de l’école taurine de Valencia (vert bouteille et or) : oreille
-Lenny Martin de l’école taurine de Béziers (blanc et or gris) : silence après deux avis
Président : B.Mula Temps estival. Jolie entrée.
Volontaire mais peu dominateur, Christian Palejo a subi pas mal d’accrochages et s’est fait prendre à deux reprises sans gravité devant un premier novillo juste de force devant lequel il n’a pas su tirer la main. On retiendra toutefois quelques bons passages à droite au final. Aucun engagement pour une mise à mort laborieuse. 4 pinchazos, ¾ tombée.
Tristan Espigue a eu du mal à trouver le sitio devant le novillo le plus intéressant de la matinée, un Margé vif dans la charge et prompt à répéter qui l’a mis en difficulté à maintes reprises et qu’il a eu des difficultés à fixer pour la mort. 2 recibir par défaut (un demi bas et un trois quart contraire) et descabello.
Javier Camps est sorti du lot en maniant le capote et la muleta avec plus de maîtrise et d’aisance que ses compagnons de cartel. Jolie gestuelle pour une faena construite entièrement près des tablas dans le terrain d’un adversaire manso mais maniable, qui s’est un peu délitée faute de trop durer. Oreille malgré un vilain bajonazo.
Lenny Martin a hérité du plus fort et du plus compliqué du lot. Soignant l’allure mais pas encore assez aguerri, le garçon a eu du mal à se confier et à dominer la situation, se faisant bousculer et prendre à deux reprises avec puntazo la seconde fois. Mêmes difficultés avec l’épée. Après une entière tendida basse et deux descabellos il reprend l’épée, pinchazo et bajonazo.
Béziers 15 août. 18h00. Corrida mixte.
Une course sans éclat
Deux toros de Fermin Bohorquez pour le rejon et quatre de Robert Margé
-Lea Vicens : oreille et oreille.
-Enrique Ponce (bleu outre mer et or) : salut après avis et oreille.
-Sébastien Castella (prune et or) : oreille et silence après avis.
Président : M. Daudé. Temps estival. 5000 personnes.
Quatre Margé de présentation correcte au niveau des cornes mais légers pour des toros de cinq ans et demi. Excepté le dernier, le plus intéressant qui fut honoré d’une vuelta posthume discutable, ils ont manqué de force et de transmission bien qu’épargnés lors de premiers tercios sans relief. Le troisième a du être changé après la pique pour un problème locomoteur certainement provoqué par un tampon violent dans le burladero à sa sortie.
Lea Vicens a fait comme toujours la démonstration de ses talents de cavalière devant deux toros de Bohorquez qui manquaient de force et d’allant (son second adversaire s’est couché avant l’épée !) mais auxquels elle a coupé une oreille à chacun. Il faut dire que la présidence ne s’est pas faîte prier ce jour-là pour sortir les mouchoirs.
Le premier Margé perd déjà les mains au sortir des piques, la première où il reste cabeceando, la seconde réduite à un picotazo. Entame sans surprise de Ponce par doblones genou ployé. Devant cet adversaire maniable mais faible et sans grande classe, il nous livre une faena propre, élégante mais souvent marginale, plus fluide sur le piton droit que sur le gauche où il se fait un peu engancher la muleta. Peu d’engagement à la mort. Entière caidita longue d’effet et descabello. Deux piquettes insignifiantes pour le sobrero, un toro insipide et sans potentiel qui ne l’inspire pas (il demande même l’arrêt de la musique !). La messe est vite dite. Entière légèrement tombée. L’oreille est surprenante.
Jolie réception de Castella par véroniques en tablier et chicuelinas face au second Margé qui donne des signes de mansedumbre dès sa sortie. Le tercio de varas est totalement symbolique. Assis sur l’estribo pour commencer, Castella parvient à donner une certaine intensité à ce début de faena en embarquant le bicho dans deux ou trois séquences droitières de qualité, malheureusement ce dernier va se décomposer rapidement lorsqu’il prend la gauche, sa mansedumbre l’attirant vers les tablas. Le métier de Castella lui permet de reprendre la main pour lui imposer quelques derechazos plus techniques que vibrants avant de conclure d’une entière après pinchazo. Une oreille pour une pétition pas franchement majoritaire. Il va s’efforcer de faire monter une mayonnaise qui n’a guère pris jusque là en essayant de mettre en valeur le dernier Margé qui s’annonce plus vif dès sa sortie en piste. Il le place à deux reprises loin du cheval lors du premier tiers. Le Margé charge allègrement et pousse un peu sous une première pique trasera dont il sort seul. Il s’élance à nouveau pour une seconde rencontre très brève, sortant seul à nouveau. Mieux que les trois autres mais rien non plus de spectaculaire justifiant la musique jouée à la sortie du piquero. Entame de faena par cambiada au centre, cites de loin avec enchaînement droitiers templés devant un toro qui suit la muleta avec entrain mais qui baisse de régime et s’avère moins coopératif sur le piton gauche où la faena décline et perd de sa limpidité. Castella opte pour un final encimista, pendule, desplante etc.. ½ basse et deux descabellos. Vuelta généreuse pour un toro qui a chargé sans s’employer vraiment au cheval et qui a décliné en fin de faena.
Observations : Minute de silence pour Christian Coll et Robert Barrachin.
Reseñas Nadine Regardier. Photos Michel Volle.