Céret de toros 2024
Reseñas : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Escolar : Si !
-Fernando Robleño (jaune poussin et or) : silence – avis et silence.
-Sergio Flores (vert sapin et or) : oreille – avis et silence.
-Noe Gomez del Pilar (beige rosé et noir) : silence – silence.
Président : M.Ferra. Casi lleno. Temps lourd.
Superbe présentation à nouveau pour la dernière de la Feria avec ces toros d’Escolar Gil, hauts et très armés, solides et encastés, d’une bravoure très relative au cheval en 18 rencontres. D’un tempérament très agressif les troisième et dernier, nobles les second et quatrième, très exigeants les autres qui ne se livraient qu’avec méfiance et réticence dans la muleta. Une seule oreille discutable pour Sergio Flores qui a souvent manqué d’engagement, Robleño s’est montré volontaire avec un résultat inégal, Gomez del Pilar, le triomphateur de 2023, a déçu pour son manque de recours face, il est vrai, aux deux plus dangereux de la tarde.
Le premier répète vivement dans le capote de Robleño avant d’aller prendre trois piques dosées sans grand éclat en chargeant mollement du centre. Au vu de la méfiance affichée de sa cuadrilla lors du second tiers, Robleño entame sa faena avec circonspection. S’il parvient ensuite à enchaîner deux ou trois séries de derechazos correctes, il s’aventure peu et sans grand succès sur le piton gauche, se montrant impuissant pour finir à vaincre la réticence de l’Escolar qui se réserve en mode défensif. Entière contraire. Jolie réception par véroniques et demie du quatrième toro qui charge avec plus d’entrain et s’emploie davantage lors de trois rencontres au cheval, la dernière allégée. Ovation pour le piquero Israel de Pedro. Avec la muleta, Robleño restera très en dessous de ce que permettait cet Escolar à la noblesse exigeante devant lequel il aura du mal à s’imposer si ce n’est sur une courte série de naturelles. Sa faena se délite tandis que le toro baisse de régime (ou vice versa) et son échec avec les aciers n’arrange rien. 1/3 de lame et cinq descabellos.
Le second charge avec violence dans le capote de Sergio Flores mais ne s’emploie pas sous trois mauvaises piques qui valent quelques huées au picador. Le second tiers sera tout aussi lamentable. Par contre, l’Escolar va se livrer dans la muleta du mexicain avec une noblesse que ce dernier exploitera lors de beaux enchaînements, principalement droitiers, mais en maintenant souvent une marge de sécurité qui a ôté un peu d’intensité à une prestation conclue par un entière foudroyante mais basse, rendant discutable l’oreille accordée par le Palco. Le cinquième, placé près du cheval, prend trois puyazos peu appuyés, ne mettant les reins que sous le premier. Les cuadrillas brillent à nouveau par leur incompétence au second tercio. De l’Escolar ou de Sergio Flores, on ne sait lequel est le plus méfiant. Le trasteo marginal du mexicain n’incite guère le toro à se livrer dans la muleta et son desplante final provoque des sifflets sur les gradins. Pas plus d’engagement à la mort : 2 pinchazos, un pinchazo hondo bas et entière.
Le troisième Escolar rentre fort et met les reins sous une première pique vite levée, reste sans pousser sous une seconde plus appuyée et se défend sous la troisième. Au second tercio, le banderillero José Mora Manzano est repris violemment au sol après s’être embronché, il sera évacué et transporté en ambulance à l’hôpital. A partir de là, le toro ne verra plus que l’homme, chargeant court et se désintéressant de la muleta pour venir sur Gomez del Pilar qui écourtera la faena après quelques passes de châtiment. Entière honnête. Le dernier Escolar fracasse les planches dès sa sortie et prend trois mauvaises piques en se défendant. La panique s’empare de la cuadrilla au second tiers, le toro court partout, c’est la débandade entre les peones, pas de quoi mettre en confiance Gomez del Pilar qui ira chercher l’épée après trois ou quatre coups de torchon peu convaincants. La mise en suerte pour la mort est compliquée, tout le monde est en piste. Pinchazo, entière et 2 descabellos sous les sifflets.
Observation : L’ADAC et le club taurin d’Arles « La Muleta » ont remis le prix du mailleur picador a Israël de Pedro qui a piqué le 4ème
Novillada del centenario : Une matinée entretenue
-Mario Arruza (rouge vermillon et or) : silence – 2 avis et silence.
-Juan de la Calzada (blanc et or) : vuelta – vuelta.
-Miguel Andrades (rose, or et noir) : silence – vuelta.
Président : B Pince. 3/4 d’arène. Soleil et nuages.
Des novillos de Barcial très bien présentés, s’apparentant davantage à des toros qu’à des novillos par les armures et le tamaño. Tous mansos à divers degrés sous la pique, ils eurent toutefois droit à 20 rencontres. Offrant davantage d’options à la muleta les second, quatrième et cinquième, se réservant dans la charge, compliqués, sournois ou violents les autres, ils ont quelquefois mis les novilleros en difficulté. Si Mario Arruza est passé sans peine ni gloire, on retiendra la maîtrise et l’engagement de Jésus de la Calzada ainsi que l’audace et l’envie de triompher de Miguel Andrades.
Le premier novillo ne se livre pas franchement dans le capote de Mario Arruza. Bien mis en suerte de plus en plus loin, il prend trois piques en manso avec un intérêt limité pour la cavalerie, sortant seul des deux premières rencontres. Au dernier tiers, Arruza réalise une faena appliquée, s’efforçant sans grand succès d’allonger la charge du Barcial qui se réserve de plus en plus pour finir arrêté. Entière tendida trasera et descabello. Le quatrième Barcial est mal piqué en trois rencontres sans éclat, sortant seul de la dernière. Face à ce novillo qui manque de race et de transmission, la faena d’Arruza, marginale et insipide, s’avère bien peu convaincante et quelques sifflets venant des gradins lui suggèrent d’en finir au plus tôt. Ce qu’il fera et mal .1/3 de lame plate et basse, 2 pinchazos et 3/4.
Le second Barcial envoie les pattes en avant dans le capote de Jesus de la Calzada qui lui sert une bonne lidia. Le novillo confirme sa mansedumbre sous trois mauvaises piques qui valent une bronca au piquero Agudo. Le novillero va réaliser une prestation sérieuse et très méritante en s’arrimant face à cet opposant court de charge et sournois. 5 séries au total, peu nombreuses mais efficaces, avec des passes qu’il est vraiment allé chercher en se croisant et en tirant la main malgré les avertissements de l’adversaire. Entière trasera légèrement caida. Bronca à la présidence qui n’a pas voulu accorder une oreille méritée malgré une pétition importante. Le cinquième sort seul d’un premier refilon, s’anime un peu sous la seconde pique, reste sans pousser sous la troisième, tarde pour une dernière rencontre à pique levée. Il laisse une impression favorable en se livrant dans la muleta lors de premiers échanges sur les deux cornes mais se met assez rapidement en mode défensif. Jésus de la calzada s’efforce alors avec beaucoup d’aguante de lui tirer encore quelques passes mais n’insiste pas plus qu’il ne faut, le bicho n’offrant plus la moindre option et allant se réfugier aux planches lorsqu’il va chercher l’épée. Entière basse et descabello. Une pétition beaucoup moins justifiée cette fois.
Le troisième Barcial, manso et violent cherche à attaquer le cheval par derrière au premier tiers, fait chuter la cavalerie lors de la seconde rencontre et blesse un peon venu au quite en le suivant contre les planches. Miguel Andrades pose lui même les banderilles, supérieure la troisième paire por dentro. Au dernier tiers, le novillo réfléchit avant de charger court en mode défensif. Andrades lui arrache aux forceps quelques passes sur les deux cornes avant de se faire désarmer et d’écourter les débats. Entière portée avec décision. 2 descabellos. Particulièrement motivé il reçoit du centre a puerta gayola le sixième aussi manso que les autres qui sort seul de 4 rencontres légères. Après un second tercio dont on retiendra une excellente troisième paire de banderilles posées dans les cornes en terrain délicat, Andrades frise la correctionnelle en s’agenouillant au centre pour recevoir le Barcial qui le serre méchamment. La faena qui suit est très méritoire par la volonté et le courage qu’affiche le garçon face à un novillo particulièrement compliqué sur le piton droit. Même si le dominio n’est pas total avec un désarmé au final, il lui aura servi quelques derechazos de poids qui nous ont laissé sur une bonne impression et se jette pour finir entre les cornes pour un trois quart de lame un peu droite suivi de deux descabellos.
Observation : Prix de l’ADAC pour le meilleur picador : desierto. Les banderilleros de Jesus de la Calzada ont salué au cinquième novillo.
Sobral : une présentation réussie.
-Damian Castaño (rouge et or) : avis et silence – silence.
-Noe Gomez del Pilar (rouge et or) : salut – oreille.
-Juan de Castilla (vert sapin et plata) : avis et salut – 2 avis et silence.
Président : B.Sicet. Casi lleno. Temps menaçant, quelques gouttes éparses, pluie à la fin du sixième.
Présentation réussie pour la ganaderia de Sobral qui lidiait pour la première fois ses toros en France, de véritables estampes arborant des armures irréprochables et des pelages magnifiques, sardo claro, colorado ou castaño. S’ils n’ont pas toujours mis les reins sous la pique, avec la complicité des toreros qui ont joué le jeu de la mise en valeur au cheval, la plupart nous ont régalés en partant de très loin pour charger avec fougue les groupes équestres, les châtiments bien mesurés dans l’ensemble nous ayant permis de les voir revenir à l’assaut 3 ou 4 fois consécutives (19 rencontre en tout). Nobles et encastés au dernier tiers les quatrième, cinquième et sixième (malheureusement diminué après un tampon violent au burladero et une vuelta de campana) et dans une moindre mesure le premier, second et troisième offrant moins d’options. Les toreros, sans vraiment démériter, ont toujours été un peu en dessous de leurs adversaires et la seule oreille coupée au cinquième par Gomez del Pilar était surtout due à l’estocade foudroyante qui a conclu sa faena.
Le premier Sobral laisse entrevoir un poil de faiblesse et de mansedumbre dans le capote de Castaño. Il se défend plus qu’il ne pousse sous la première pique avant de revenir au cheval pour les trois suivantes en partant de plus en plus loin mais sans grande fougue et sans s’employer dans le peto, avec une dernière rencontre à pique levée. Après une jolie entame de muleta qui met en valeur la noblesse de son adversaire sur le piton droit, Castaño enchaîne en citant de loin trois bonnes séries de derechazos en redondo tout en le laissant respirer entre chacune d’elles. Les choses se compliquent quand il prend la main gauche, d’abord averti, il se fait prendre sur la seconde tanda et se retrouve accroché par la ceinture à la corne du sobral qui le secoue violemment avant de l’envoyer valdinguer au sol. Un petit retour sans chaquetilla pour une courte série gauchère de face avec nouvel avertissement à la clef. Peu confiant, il ne s’engagera pas pour une mise à mort laborieuse : entière après 7 pinchazos. Le quatrième nous gratifie d’un bon tercio de varas dirigé par Angel Rivas qui recevra d’ailleurs le prix du meilleur piquero. Placé deux fois au centre et deux autres de plus en plus loin, le Sobral s’élance avec entrain et charge avec fougue la cavalerie en rentrant fort dans le peto pour de bonnes piques dosées. Entame de faena au centre en citant de loin, le toro charge et répète avec noblesse, il flechit à deux reprises mais se récupère et c’est lui qui très rapidement va imposer son rythme à Castaño qui s’en sortira médiocrement sur le piton droit tout en se faisant déborder à gauche lors d’une faena bien peu convaincante conclue à nouveau d’une mise à mort déplorable compliquée par le fait que le Sobral n’a pas été dominé. 3/4 tendida et caida et 6 descabellos.
Gomez del Pilar fixe joliment par véroniques genou ployé et media de rodillas le second Sobral qui , partant de plus en plus loin, charge et met les reins sous les deux premières piques, l’une rectifiée, l’autre trasera , mais qui se fera un peu prier pour une troisième rencontre plus light. Le tercio de banderillas se déroule dans la méfiance totale, à la va comme je te pousse, méfiance qui va se transmettre au maestro qui, après l’avoir brindé à Robleño, aura du mal à se livrer face à cet adversaire qui reste lui même sur la réserve à droite, s’arrête à mi passe à gauche et sort de plus en plus distrait du leurre. Bref les ingrédients n’étaient pas réunis pour que la mayonnaise prenne et la faena n’a jamais pris son envol mais elle se terminera sur une bonne estocade. Il nous offre un moment d’émotion en se faisant bousculer lors de sa réception à puerta gayola par le magnifique cinquième efficacement fixé ensuite au capote. Bien mis en suerte, les deux dernières fois au toril, le Sobral s’élance bravement pour trois bons puyazos modérés qui valent une ovation à Juan Sanguesa. Au dernier tercio, après une bonne série conduite le corps droit et le bras relâché, Gomez del Pilar va avoir de plus en plus de mal à contenir la charge vibrante et encastée de son adversaire. Désarmé et averti à droite, il tente la gauche, s’attachant avec un succès mitigé à lui faire baisser la tête et revenant pour finir sur l’autre corne sans pouvoir, malgré son entêtement, dominer totalement la situation. Désarmé à nouveau à deux reprises après être allé chercher l’épée, il va loger par contre une entière engagée qui foudroie le Sobral sur place et qui à elle seule valait l’oreille accordée difficilement par le palco.
Le troisième Sobral ayant fléchi deux ou trois fois à sa sortie, ne prendra que deux piques, le première sévère en poussant sur une corne, le seconde pour la forme en partant de loin. Malheureusement au dernier tiers le toro se réserve avec une charge de plus en plus courte que Juan de Castilla s’avère impuissant à allonger par manque de véritable engagement. La faena s’étiole peu à peu pour finir dans un registre très laborieux devant un adversaire qui n’avance plus. Bonne entrée a matar. Entière légèrement contraire. Le sixième sort comme sonné et paralysé d’un gros tampon au burladero avant de faire une vuelta impressionnante en restant quelques secondes debout sur les cornes. Il récupère de façon étonnante et s’élance de loin avec une charge vibrante pour une première rencontre poussée et bien dosée, réitérant lors de deux autres à pique levée. Il conserve cette charge allègre et noble lors de premiers échanges de muleta prometteurs mais va hélas rapidement se ressentir du choc initial avec des difficultés pour avancer, rendant à nouveau laborieuse la prestation de Juan de Castilla que l’on encourage à en finir, la pluie s’étant mis à tomber drue. Il rate à deux reprises le toro avant de loger un tiers de lame, puis une demie pour venir enfin à bout du pauvre Sobral après 5 descabellos.
Observations : L’ADAC et l’Association des Présidents espagnols ont remis chacun leur prix du meilleur piquero a Angel Rivas qui a piqué le 4ème. Ce dernier ainsi que Juan Sanguesa au cinquième ont été ovationnés pour leur prestation. Le banderillero Rafael Gonzalez a salué au 3ème. Bronca à la présidence qui après avoir lâché comme à regret l’oreille pour Gomez del Pilar au 5ème, a refusé à ce même toro une vuelta qui n’aurait pas été scandaleuse.
De la même façon, un salut du ganadero à l’issue de la course pour la bonne présentation et la bonne tenue générale de ce lot, aurait été le bienvenu. L’arrivée de la pluie en est peut-être un peu responsable, le public sortant précipitamment pour se mettre à l’abri.
Céret de toros 2023
Reseñas : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Céret : Une tarde riche en émotions.
Six toros d’Escolar Gil
-Alvaro de la Calle (blanc et or) : salut cuadrilla – blessé.
-Javier Cortes (vert menthe et noir) : salut – salut – silence
-Noe Gomez del Pilar (vert pitchouline et or) : oreille 2 vueltas -2 avis et vuelta.
Président : M.Sicet. Soleil. Casi lleno.
Six toros exceptionnellement présentés, très en pointe, d’une bravoure très relative au premier tiers où ils sont restés la plupart du temps collés au peto vraiment pousser (17 rencontres), âpres et dangereux les premier, second et quatrième, d’une méfiance sournoise les deux derniers, un peu plus accommodant le troisième, le seul à repartir avec une oreille en moins coupée par Gomez del Pilar qui nous a régalés de deux faenas de grande qualité devant des adversaires exigeants, tandis qu’Alvaro de la Calle, courageux mais court techniquement était évacué vers l’hôpital à la fin de sa première prestation après une spectaculaire cogida à l’entrée à matar et que Javier Cortés qui le remplaçait sur le quatrième Escolar se faisait prendre lui aussi après être allé chercher l’épée et allait faire un petit stage à l’infirmerie pour se remettre. Beaucoup d’émotions donc tout au long de cette tarde d’une intensité exceptionnelle due à la fois aux toros et aux toreros.
Le premier Escolar se retourne avec violence dans le capote d’Alvaro de la Calle et va prendre en partant du centre 3 piques sans éclat, s’animant juste un peu sous la dernière après avoir tardé à charger. Avec un manque de recours évident mais aussi beaucoup de courage et de pundonor, De la Calle a fait face aux derrotes violents de cet adversaire plein de genio sans vouloir céder du terrain et frôlant à plusieurs reprises la correctionnelle avant de se faire prendre à la cuisse de façon spectaculaire à l’entrée a matar et reprendre ensuite au sol. Il sera évacué vers l’infirmerie sous les applaudissements. C’est Javier Cortés qui achèvera le toro encore très vif d’un tiers de lame trasera et 5 descabellos.
Cortés canalise efficacement la charge agressive du second toro qui ne prend que deux piques sans pousser, le président ayant écourté le tercio après qu’il ait refusé de charger un peu trop longtemps pour une troisième rencontre. Ce toro semble apprendre très vite et se retourne comme un chat dans la muleta du torero qui se fait rapidement bousculer et désarmer sur le piton droit mais qui lui sert deux ou trois brèves séries de naturelles de poids avant de prendre l’estoc. Une faena courte mais intense malheureusement mal conclue.2 pinchazos, entière et 2 descabellos. Le quatrième qui devait échoir à Alvaro de La Calle s’élance à quatre reprises au cheval et reste dans le peto sans vraiment pousser. Cortés entame sa faena sur la défensive, on le sent douter face à la charge brutale de son adversaire, il tâtonne un moment sans résultat sur les deux bords avant d’écourter mais après avoir pris l’épée, il subit alors une voltereta impressionnante dont il se relèvera complètement sonné. Il ne reviendra qu’au bout de quelques minutes pour porter l’estocade (3/4 concluante) et partir ensuite vers l’infirmerie jusqu’au sixième toro, lequel sera châtié sévèrement sur les deux premières piques avant une troisième levée, après l’avoir débordé au capote. Cet Escolar moins violent que son premier n’en est pas moins exigeant, et Cortés aura du mal à se mettre en confiance et à peser sur son adversaire, faisant durer la faena plus que de raison. 2 pinchazos et demie. On notera que Javier Cortés a rempli avec beaucoup de sérieux le rôle de chef de lidia après le départ d’Alvaro de la Calle.
Gomez del Pilar canalise efficacement par d’amples véroniques la charge nerveuse du troisième Escolar qui ne prend que deux piques en mettant un peu les reins sous la première. Après un brindis émouvant à son compagnon blessé en posant la montera sur les tablas face à l’infirmerie, il va nous servir une faena intelligemment construite et très allurée dont il n’y aura rien à jeter, depuis l’entame par doblones genou à terre pour amener le toro au centre en passant par une superbe série de naturelles de la droite quand le piton gauche s’avère plus exigeant, piton sur lequel il reviendra ensuite avec plus de succès et en guise de conclusion une série de derechazos d’école enchaînés avec temple, corps relâché, main basse et muleta planchada. Entrée à matar sincère pour un trois quart de lame légèrement tombée. Une grosse oreille à l’arrivée avec une forte pétition pour une seconde (qui n’aurait pas été scandaleuse mais c’était celle du président) et deux vueltas très fêtées pour compenser.
Avec son deuxième toro plus réservé, l’entente n’est pas immédiate comme avec le précédent. Toro et torero se jaugent du regard un moment avant d’ouvrir les débats, le toro avec méfiance, le torero se demandant quelle stratégie adopter et c’est finalement par la douceur qu’il va amener l’Escolar à se confier dans la muleta, douceur qui sera le fil conducteur de cette seconde faena exécutée dans un terrain réduit sur les deux cornes avec beaucoup d’aguante, de lenteur et de finesse, en pesant sur la charge de son adversaire mais avec légèreté. Il sera même accompagné par la musique, chose pas si courante à Céret, malheureusement la mise à mort défectueuse le privera de trophée. 4 pinchazos et descabello.
Observations : Alvaro de la Calle a subi une cornada dans la cuisse avec trois trajectoires. Le banderillero A. Molina a salué au second toro Prix du meilleur picador : desierto.
Céret : Novillada Sin chispa
Six novillos de Los Maños
-Diego Peseiro (vert pin et or) : avis et salut – salut.
-José Rojo (bordeaux et or) : salut – avis et silence.
-El Niño de las Monjas (vert menthe et or) : 2 avis et silence – silence.
Président : M.Ferra. Soleil et nuages. 2/3 d’arène.
Correctement présentés, les novillos de los Maños ont surtout déçu par leur manque de piquant et de transmission. Bravitos au cheval dans l’ensemble mais sans poder ni brio (18 rencontres), ils ne présentaient pas de difficulté majeure et auraient du permettre aux trois novilleros de couper des oreilles, cependant soit par manque de métier ou d’engagement ou certainement les deux, ces derniers n’ont pas su saisir l’opportunité et la matinée s’est déroulée dans une atmosphère d’ennui persistant.
Une pique appuyée et trois autres légères pour le premier novillo qui charge de loin mais ne pousse que lors de la première rencontre. Diego Peseiro qui s’est montré à son avantage avec le capote et les banderillas, aura par contre des difficultés à dominer son sujet avec la muleta, toréant à la marge et sur le pico un novillo à la charge molle qu’il a laissé se distraire entre les passes. Entière basse. Le quatrième prend trois piques sans style en se faisant prier longuement pour la dernière. Applaudi à nouveau après un bon tercio de banderillas, Peseiro ne pèsera pas plus sur cet adversaire et se mettra en difficulté, écourtant assez rapidement sa faena d’une entière contraire concluante.
Le second qui semble avoir un problème de train arrière à sa sortie, pousse avec un peu plus d’entrain sous trois puyazos très dosés. José Rojo réalise un travail honorable sur le piton droit de ce novillo qui manque de force et de transmission et parvient également à améliorer quelque peu sa charge sur la corne gauche moins évidente. Entière concluante. Par contre il sera en dessous du cinquième, juste de force également mais très noble et qui a poussé sous trois piques, en le toréant systématiquement fuera de cacho sans pouvoir lier les passes. ¾ contraire et tombée et 3 descabellos.
Lidia déficiente au premier tercio du troisième manso querencioso, faena fastidieuse plus bruyante qu’efficace et mise à mort laborieuse, el Niño de las Monjas ne manque pas de bonne volonté mais de recours technique. ¼ de lame tendida, 5 pinchazos et demie basse. Le dernier s’emploie mollement en trois rencontres. Le Niño essaie de se racheter en le réceptionnant par une portagayola et réalise une jolie entame de faena par une série de derechazos à genou. Après ce sera pico y pico et dans l’incapacité d’enchaîner les passes devant cet adversaire pourtant très noble. Il se verra obligé d’écourter après avoir écouté quelques sifflets. Entière très en arrière.
Observations : Les novillos de Paloma Sanchez Rico de Terrones initialement retenus pour cette matinale ont été refusés à leur arrivée pour des problèmes de présentation et de tamaño. Prix picador desierto.
Céret 2eme : Une corrida entretenue
Cinq toros de Saltillo et un sobrero de Los Maños (5eme)
-F.J Sanchez Vara (gris souris et or) : silence –vuelta
-Damian Castaño (crème et or) : oreille – silence.
-Maxime Solera (bleu délavé – or) : avis et salut _ avis et silence.
Président : M.Angulo. 4/5 d’arène. Temps couvert et température agréable.
Des toros de Saltillo très bien présentés, s’employant diversement au premier tiers en 19 rencontres, très compliqués les deux premiers, plus nobles les suivants mais avec une caste toujours prête à s’exprimer. Le cinquième, fuera de tipo mais magnifique avec ses 610 kilos et ses armures impressionnantes a été changé après le premier tercio par un sobrero de Los Maños beaucoup moins imposant pour un problème de train arrière et ce n’est pas sûr que l’on ait gagné au change.
Le premier Saltillo, bien mis en suerte par Sanchez Vara charge de plus en plus loin et pousse la cavalerie à trois reprises avec bravoure. Après un très bon tercio de banderillas, Sanchez Vara va réaliser une faena méritoire car ce toro plein de sentido le soulève en lui passant la corne entre les jambes dès les premiers muletazos. Il fera face à la charge vive et aux retours rapides du Saltillo sur le piton droit et se risquera également sur le gauche par quelques ayudados courageux sans parvenir à s’imposer totalement mais en transmettant de l’émotion sur les gradins. Par contre, la mise à mort est désastreuse. ½ plate, 8 descabellos et un toro qui lui fonce dessus jusqu’au bout. Le quatrième s’annonce méchant gaucher dans le capote, prend quatre mauvaises piques en chargeant le cheval par devant, par derrière et en se défendant dans le peto. A son avantage à nouveau avec les banderillas, Sanchez Vara va entamer sa faena au centre, profitant de la charge noble du toro sur la corne droite pour enchaîner quelques séries de derechazos bien liés et de bonne facture mais qui manquent un peu d’engagement. Une seule tentative à gauche après qu’il soit allé chercher l’épée suite à un reproche qui fuse des gradins et qui se solde par une bousculade et la taleguilla déchirée. ¾ tendida.
Le second, une véritable estampe avec des poignards sur la tête, cherche l’homme derrière le capote, prend deux puyazos sans grande classe et s’avère très compliqué au dernier tiers. Damian Castaño s’arrime avec beaucoup de sérieux face à cet adversaire qui lui cherche sans arrêt les chevilles dans la passe et parvient à lui tirer quelques passes aussi courageuses qu’improbables sur les deux cornes. Un estoconazo engagé pour conclure et une oreille incontestée. Il fixe efficacement le sobrero de Los Maños qui sort du toril comme un diable de sa boîte. Le toro charge à trois reprises mais reste sans pousser dans le peto. Juste de force, il se couche au troisième muletazo (et on regrette d’autant plus le changement !) mais affiche une belle noblesse sur le piton droit que Castaño va mettre à profit en le citant de loin pour enchaîner quelques séries droitières templées très allurées avant de se risquer sur l’autre piton plus compliqué, d’autant que le bicho baisse de régime et commence à se défendre dans la passe. ¾ delantera et descabello.
Le troisième Saltillo sort comme un bolide et répète avec franchise dans le capote de Maxime Solera. La lidia laisse à désirer lors du premier tercio où le Saltillo prend quatre piques en manso, sortant seul, reculant ou cabeceando. Si le toro manque de bravoure et de piquant, la noblesse est là mais Maxime Solera ne l’exploitera que partiellement lors d’une faena sans grand relief dont on retiendra tout de même deux belles séries de naturelles après s’être fait rappeler à l’ordre pour son manque d’engagement .Entière et 2 descabellos. Le dernier Saltillo fonce seul de l’autre bout de la piste et pousse la cavalerie mais se fera prier pour les deux autres rencontres où il s’emploiera moins franchement. Desconfiado et sans sitio, Solera va subir plus qu’il ne la dirige la charge de son adversaire qui présente pourtant une bonne corne gauche. Entière delantera tombée, 4 descabellos.
Observations : Prix du meilleur picador desierto. Le ciel étant couvert, les deux dernières faenas se sont déroulées dans une semi- obscurité, les éclairages ne fonctionnant pas apparemment.
Céret : Pour l’ouverture, on espérait mieux…
Six toros de Peñajara de Casta Jijona.
-Rafaelillo (bleu des mers du sud et or) : silence – infirmerie.
-Alberto Lamelas (lilas et or) : avis et salut – avis et silence.
-Javier Cortes (bleu roi et or) : salut – oreille.
Président : Benoît Pince. 2/3 arènes. Temps estival.
Six toros de belle présentation, très armés et aux robes variées. Bien que se faisant souvent prier au démarrage, ils ont généralement chargé avec une certaine alegria au cheval mais ne se sont pas ou peu employés dans le peto (19 piques) et ont manqué de poder et de race, s’arrêtant rapidement en se défendant au dernier tercio sauf le dernier qui a duré un peu plus et a permis à Javier Cortés de couper une oreille.
Le premier Peñajara envoie les pattes en l’air dans le capote et tarde à s’élancer au cheval, chargeant avec plus de violence que de bravoure sous trois puyazos sévères. Rafaelillo débute par doblones une faena qui sera très vite écourtée devant un bicho qui s’éteint au bout de trois ou quatre petites séries, le desplante final ne s’imposant pas. Entière et descabello. Le quatrième qu’il a du mal à se fixer au capote, prend sans style trois mauvaises piques d’Esquivel qui se fait huer. Au dernier tercio, il ne se livre pas dans la muleta et derrote violemment, désarmant Rafaelillo dès la première série sur le piton droit avant de réitérer sur le gauche avec cette fois une cornada à l’aisselle qui obligera le maestro à partir pour l’infirmerie et c’est Lamelas qui tuera le toro. Metisaca et ¾ basse.
Lamelas reçoit par une larga de rodillas le second Peñajara qui freine et joue de la corne dans le capote et prend trois piques cabeceando. Face à cet adversaire qui n’a guère de charge et se défend dans la passe, en particulier sur la corne droite, Lamelas va s’efforcer d’allonger son parcours sur la gauche, avec un résultat mitigé au milieu d’un ensemble assez brouillon, le manque de charge de l’adversaire l’obligeant à se replacer sans arrêt. Pinchazo et ¾ trasera. Le cinquième prend trois puyazos bien dosés en chargeant de loin et en s’investissant un peu plus dans le peto. Au dernier tiers, il avance au pas et se défend avec violence dans la passe, Lamelas joue la carte du courage et prend des risques en se mettant devant les cornes pour lui extorquer quelques naturelles aux forceps mais fait un peu trop durer alors que la messe est dite devant un toro plombé. Metisacas à repétition (4) et descabello.
Javier Cortés fixe son premier adversaire au centre par une série de véroniques tout aussi esthétiques qu’efficaces. Il soigne de même la mise en suerte au cheval et le Peñajara s’élancera à trois reprises et de plus en plus loin avec un joli galop pour trois piques levées qui vaudront une ovation à Alberto Sandoval. Hélas, ce toro ne tiendra pas ses promesses et va rapidement s’éteindre au dernier tiers, peut-être Cortés aurait-il du lui donner un peu plus de distance au lieu de le toréer dès le départ en terrain rapproché. Entière trasera concluante. Le dernier prend quatre piques, la dernière placé au toril qui ne s’imposait pas, n’ayant pas montré de grands signes de bravoure lors des trois premières rencontres, mais on peut souligner la volonté du maestro de le mettre en valeur et d’être très présent dans la lidia. La faena de muleta part très fort sur un enchaînement parfait de doblones, derechazos et pecho face à un toro qui charge enfin dans la muleta. Cortés le cite de loin et enchaîne encore une bonne série sur chaque corne avant que le toro ne baisse de ton et la faena d’intensité avec une conclusion un peu brouillonne.3/4 tendida efficace et une oreille méritée sur l’ensemble de son travail.
Observations : Une minute de silence pour Bill, membre de l’ADAC et pour Roger Merlin. Le prix du meilleur picador a été attribué à Alberto Sandoval qui a piqué le troisième. Quelques jolis tercios de banderillas à l’issue desquels ont salué Victor de Pozo (2ème), Pablo Gallego (3ème), José Muñoz(5ème) et Javier Molina (6ème). Rafaelillo après avoir reçu une cornada à l’aisselle avec deux trajectoires a été transporté à l’hôpital.
Céret de toros 2022
Reseñas : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Retour mitigé des Palha
-Fsco Sanchez Vara (saumon et or) : vuelta – salut
-Sergio Serrano (blanc et or) : silence – silence
-Damian Castaño (rouge et or) : silence – salut.
Président : André Roques.¾ d’arène. Temps estival.
Un lot de toros, cinq de Palha et un de Peñajara (2° bis), superbement présenté, très armé, mais en dessous de ce que l’on pouvait espérer au niveau comportement. S’ils ont chargé volontiers au premier tiers, ils ne se sont guère employés sous le fer à part le sixième, un toro aux armures impressionnantes et dangereux. Maniables dans l’ensemble à la muleta, les autres ont manqué quelquefois de poder et de piquant et le second a été changé pour invalidité par un Peñajara qui n’avait pas grand-chose à offrir. Ce dont on se souviendra peut être le mieux de cette course, ce sont les excellents tercios de banderilles de Sanchez Vara, et plus particulièrement le second où il pose une paire de poder à poder d’anthologie. Ce tercio a été merveilleusement accompagné par la Cobla Millenaria avec un trompettiste qui tenait la note jusqu’au moment où le torero plantait les bâtonnets. Un grand moment artistique.
Bonne réception au capote du premier Palha par Sanchez Vara qui essaie de le mettre en valeur au premier tercio en le plaçant de plus en plus loin. Le toro charge mais ne pousse pas, le piquero est hué pour sa mauvaise prestation. Le Palha s’avère toréable à la muleta, Vara lui sert une faena sérieuse, supérieure à droite où il le cite de loin et pèse sur sa charge en baissant la main. Manque d’engagement à la mort, entière basse mais efficace. Il reçoit le quatrième par une larga de rodillas avant de l’entraîner au centre sur une belle série de véroniques. Deux rencontres sans éclat au cheval, le toro s’affale à la sortie de la première. Après le brillant tercio de banderilles évoqué plus haut, Sanchez Vara reste assez marginal avec la muleta et sa faena n’arrive pas à prendre devant un toro juste de forces qui se réserve et se décompose. Mise à mort laborieuse. 3 pinchazos, 1/3 de lame plate et descabello.
Le second Palha est changé par le palco après s’être affalé à la sortie de la première pique pour invalidité par un Peñajara tardo et sans jus devant lequel Sergio Serrano ne peut guère s’exprimer. Pinchazo et ¾ caida. Le cinquième a plus d’allant, Sandoval au premier tercio nous concocte une jolie mise en scène en trois temps mais effleure à peine le toro de sa pique. Devant ce Palha qui affiche ensuite une belle noblesse encastée, Serrano se montre volontaire mais si sa faena comporte quelques bons passages sur les deux cornes, l’ensemble manque de temple et de dominio et la mise à mort n’arrange rien. ¾ tombée et 5 descabellos.
Le troisième Palha charge de loin à quatre reprises la cavalerie et reste dans le peto en poussant par a coups. Il fait violemment voler les planches en l’air après le tercio de banderillas mais s’avère toréable à la muleta. Damian Castaño crie beaucoup et gesticule plus qu’il ne torée, sa faena ne restera pas dans les annales. 1/3 de lame et 3 descabellos. Le dernier, cornes longues et astifinas, s’engouffre avec vivacité dans le capote et remate avec violence aux tables. Il charge et pousse avec force au cheval en deux rencontres mais le tercio de pique s’éternise. Le toro placé au toril pour une troisième rencontre ne charge pas et quand il le fait c’est pour poursuivre un peon et semer la panique dans la cuadrilla. Vara, en bon chef de lidia, s’en mêle et le place plus près d’où il ne partira d’ailleurs pas davantage. Le président qui avait refusé le cambio de tercio dans un premier temps finit par sortir le mouchoir blanc mais la suite a prouvé que le bicho aurait mérité au moins un puyazo de plus car au second tercio, il va poursuivre jusqu’aux planches avec ardeur les banderilleros et leur donner des sueurs froides. Avec la muleta, Castaño réussira à voler quelques naturelles improbables et très méritantes a cet adversaire pétri de genio . ¾ de lame et 3 descabellos.
Observation : Prix au meilleur picador desierto.
Peseiro triomphe devant un bon lot de Alejandro Vazquez.
-Diego Peseiro (orange et or) : oreille –oreille- salut
-José Rojo (prune et or) : silence – infirmerie
-Leandro Gutierrez (bleu piscine et or) : silence – avis et silence
Président : P.Fons. 2/3 d’arène. Chaud avec petite brise bienvenue.
Vuelta au quatrième et salut du mayoral à l’issue de la course
Un lot de novillos d’Alejandro Vazquez Sanchez homogène et très sérieux de présentation, plus proches du toro la plupart question morphologie et même comportement. S’employant diversement au cheval et exigeants mais maniables au dernier tiers, ils ont donné un intérêt soutenu à cette novillada matinale. L’excellent quatrième a eu la chance de tomber sur Diego Peseiro qui a su mettre en valeur ses qualités. Le portugais a en effet laissé une très bonne impression en se montrant à son avantage à tous les moments de la lidia, tandis que ses deux compagnons de cartel sont restés très en dessous de leurs adversaires, l’espagnol Rojo pour un problème de santé qui l’a d’ailleurs obligé à partir à l’infirmerie après avoir tué son premier novillo et le colombien Gutierrez par manque de métier.
Elégante réception du premier novillo qui répète avec codicia dans le capote de Peseiro. Deux rencontres sans grand éclat au cheval et grosse ovation au novillero pour un tercio de banderilles enlevé. Avec la muleta, le jeune portugais fait preuve d’une réelle maîtrise en adaptant sa faena au comportement de l’adversaire. Il allonge et améliore avec beaucoup d’aguante sa charge sur le piton gauche et sait raccourcir la distance à droite pour conserver un rythme soutenu à sa prestation quand le novillo baisse de tonus au final. Entière trasera engagée et grosse oreille. Il reçoit le quatrième colorado, très typé Nuñez d’une jolie série de véroniques genou à terre et va le mettre en valeur au second tercio en le plaçant de plus en plus loin. Le novillo chargera à quatre reprises avec entrain la cavalerie d’un galop franc et allègre sans toutefois beaucoup pousser dans le peto. Après trois bonnes paires de banderilles, le novillero va montrer beaucoup de discernement, de recours et d’aguante avec la muleta face à un adversaire très encasté et prompt à s’aviser et compose une faena ambidextre très méritante.3/4 engagée et concluante et grosse oreille. Rojo étant parti pour l’infirmerie avec une grosse fièvre, c’est lui qui tuera son novillo en sixième position, un bicho dangereusement armé, manso, violent et avisé très mal piqué en 5 rencontres devant lequel il commence par s’arrimer à droite avant de s’arrêter brutalement et de façon étonnante après l’avoir testé par ayudados sur l’autre bord. On se rendra compte en regardant les photos qu’en fait la corne gauche lui déchire le pantalon à l’entrejambe et que puntazo ou pas, ça n’a pas du lui faire du bien. Entière décisive et concluante.
Plutôt anodin en deux rencontres au cheval le second novillo se réserve dans sa charge devant un José Rojo visiblement pas en forme qui ne se croise pas. Les deux ne se sont jamais vraiment rencontrés. Entière contraire.
Le troisième novillo charge allègrement à trois reprises la cavalerie pour trois belles piques de Tito Sandoval. Au dernier tiers, Gutierrez s’avère assez vert et a du mal à trouver le sitio et à peser sur son adversaire qui se met rapidement en mode réserve. 2 pinchazos et entière basse. 3 piques sans éclat pour le cinquième exigeant à la muleta devant lequel il se fera très vite déborder. Entière de travers et quatre descabellos après avoir fait pratiquement le tour de l’arène.
Observations : Prix du meilleur picador : Tito Sandoval au 3ème Salut des banderilleros de Rojo au second : Del Pozo Olivares et Gomez Campo.
Les Dolores Aguirre au rendez-vous.
-Alberto Lamelas (blanc et or) : salut – oreille.
-Roman (bleu roi et or) : silence – silence.
-Maxime Solera (vert pin et or) : silence – 2 avis et salut.
Président : Bernard Sicet. 4/5 d’arène. Chaleur caniculaire.
Six toros de Dolores Aguirre superbement présentés, charpentés et avec des armures sérieuses, tous applaudis à leur entrée en piste pour leur belle et fière prestance (à part le second protesté pour ses cornes abîmées).Ils nous ont offert dans l’ensemble des premiers tercios très intéressants, voire spectaculaires comme le cinquième (16 rencontres). A la muleta, des comportements variés, supérieurs les trois derniers nobles et encastés très applaudis à l’arrastre ainsi que le premier un peu juste de forces. Le second était un violent dangereux et le troisième un manso vite arrêté. Les trois toreros qui les affrontaient n’ont pas démérité dans l’ensemble même s’ils ne sont pas toujours allés au bout des possibilités qu’offraient les toros.
Le premier Dolores Aguirre, fixé efficacement par Alberto Lamelas, pousse le groupe équestre jusqu’aux planches avant de le ramener vers les tercios. Il rentrera avec force et poussera à nouveau sous une seconde pique trasera avant que le palco ne demande le changement de tercio pour économiser ses forces. Alberto Lamelas lui sert une faena d’intensité décroissante, très bien débutée au centre par deux séries droitières qui mettent en évidence la caste et la noblesse du toro sur ce piton, on le sent moins dominateur déjà sur la série suivante et il ne s’aventurera que très brièvement sur l’autre corne moins évidente, ne parvenant pas après un nouveau changement de main à retrouver l’intensité initiale d’autant que l’adversaire a aussi baissé de régime. Peu d’engagement à la mort : 2 pinchazos, ¾ de lame et deux descabellos. Jolie réception au capote du quatrième qui remate très violemment dans les tablas et va s’élancer avec entrain et de plus en plus loin pour trois piques traseras, la première en poussant par à coups sur plus d’un quart de cercle le picador qui lui ferme un peu la sortie. Il sortira plus facilement de la seconde et la troisième se limitera a un picotazo, le président ayant refusé le changement de tercio. Très volontaire, Lamelas fera son maximum pour exploiter la charge franche et encastée de ce Dolores Aguirre, sa faena sera méritante mais inégale et un peu en dessous des qualités du toro. Une entière décisive après pinchazo lui permet de couper une oreille.
Le second aux cornes abimées est vivement protesté par une partie du public. On se demande quelle lubie aurait eu l’ADAC de faire afeiter un toro sur les 18 présentés lors de cette feria où on a vu un défilé d’armures impressionnantes comme nulle part ailleurs ! Toujours est-il qu’après un tercio de varas tout à fait anodin en trois rencontres, le bicho s’est avéré très dangereux sur les deux cornes et Roman a rapidement démissionné après quelques coups de torchon. Il n’y avait certainement pas grand-chose de plus à faire mais le torero, fragilisé physiquement et moralement par sa blessure de la veille à Valencia, a trop laissé voir sa peur et son impuissance, ce qui, ajouté à une mise à mort laborieuse et plus longue que la faena, lui a valu sifflets et quolibets de quelques spectateurs. Le cinquième toro nous gratifie d’une première rencontre spectaculaire, poussant et soulevant la cavalerie contre les planches avant de désarçonner le cavalier sous la puissance de sa charge et de faire ensuite chuter la monture pour se retrouver au final à cheval sur le cheval, une corne coincée dans les sangles et dans l’impossibilité de sortir ! Il s’élancera à nouveau à deux reprises, la dernière pour un picotazo symbolique rectifié. Plus confiant que face à son premier adversaire, Roman réalise une faena qui a le mérite de garder dans la muleta un Dolores Aguirre qui aurait tendance à sortir des passes. Il l’améliore sur le piton droit avec deux ou trois séries qui parviennent à transmettre. Sa tentative à gauche avorte. Demie trasera et deux descabellos.
Le troisième toro affiche sa mansedumbre dès sa sortie en tentant de s’échapper du capote de Maxime Solera. Tardo au premier tiers, il oblige le piquero à passer les lignes pour le citer et reste dans le peto sur une corne en faisant tourner le cheval lors des trois rencontres. Avec la muleta, Solera ne pourra pas faire grand-chose devant ce toro qui se réserve et tire aux planches pour finir complètement parado. Pinchazo et demie verticale. Très jolie réception par doblones genou ployé du dernier, plus violent que brave sous deux mauvaises piques qui se soldent par 4 trous. Cette fois, le toro permet et Maxime très a gusto , compose une faena agréable avec de très bons enchaînements sur les deux cornes qui transmettent sur les gradins Dommage qu’il ait fait un peu trop durer, cependant l’oreille aurait pu tomber s’il avait mieux tué. Demie tombée al encuentro et deux descabellos.
Observation : Le prix du meilleur picador n’a pas été attribué. Le mayoral de Dolores Aguirre a été appelé à saluer à la fin de la course.
Céret de toros 2021
Corrida déception.
Six toros de Raso del Portillo
-Fernando Robleño (vert menthe et plata) : salut – silence
-N. Gomez del Pilar (blanc et plata) : avis et silence – silence
-Maxime Solera (blanc et or) : avis et silence – avis et silence.
Président : B.Sicet. Soleil et vent. 4/5 d’arène.Salut des banderilleros de Robleño au 1er et de Solera au 6ème. Ovations aux piqueros Aguado (2ème), Aillet (3ème) et De Pedro (6ème)
Des toros bien présentés et très armés mais décevants de comportement, s’employant inégalement au cheval (17 rencontres) manquant de race avec des charges plus ou moins brusques et des têtes levées, deux défauts qu’aucun des trois matadors du jour n’a su corriger. A l’arrivée, un tarde très décevante dont les meilleurs moments ont été ceux que nous a offerts la Cobla Millenaria qui a reçu les applaudissements les plus fournis de la journée.
Le premier Raso remate violemment au burladero et répète avec vivacité dans le capote de Robleño . Le toro rentre avec force et pousse sous un premier puyazo tombé, mais se fait prier pour une seconde rencontre qui se solde par un pique levée dans l’épaule. Au dernier tiers, ce toro est celui qui offrira le plus de possibilités à la muleta, malheureusement Robleño en manque de confiance subit plus qu’il ne domine la charge un peu brusque de son adversaire, et trépigne et s’agite plus que de raison. Pinchazo et ¾ tombée. Le 4ème prend trois puyazos sans grande classe mais avec une certaine violence. Les peones lancent les banderillas plus qu’ils ne les posent dans un climat de méfiance qui va déteindre sur la faena d’un Robleño sans sitio qui se fera balader par cet adversaire coriace qui ne baissera jamais la tête. Pinchazo, entière tombée et 2 descabellos
Gomez del Pilar impose son capote avec autorité à la fougue du second Raso de Portillo qui sera bien piqué en trois rencontres, chargeant de plus en plus loin mais sans s’investir dans le peto. Le second tercio s’avère compliqué car le toro garde la tête haute, ce qui ne facilite pas le boulot des banderilleros. Face à cet adversaire qui n’humilie pas et se retourne vite dans la passe, Gomez del Pilar va réaliser deux ou trois séries de derechazos à peu près corrects, fait une courte tentative à gauche sans grand résultat mais sa faena dans l’ensemble reste peu convaincante et la mise à mort sera laborieuse.3 pinchazos et demie. Le 5ème rentre fort dans le peto et pousse lors d’une première rencontre avant de sortir seul de la seconde. D’abord sur la reculade face à cet adversaire qui charge court et se retourne vite, Gomez del Pilar se confie davantage sur les séries suivantes sans grand succès surtout sur le piton gauche où le toro ne passe pas. Cette faena se termine plus ou moins en coups de torchon. ¾ basse et descabello.
On retiendra le tercio de varas du troisième Raso qui va charger à quatre reprises et de plus en plus loin la monture de JL Aillet qui mettra quatre belles piques. Faena un peu décousue, souvent sur la marge et peu convaincante de Maxime Solera face à un Portillo à la charge brusque mais pas spécialement dangereux. ½ basse et descabello. Le dernier toro a des cornes démesurées qui n’incitent guère à la confiance. 3 rencontres sans pousser. Maxime s’arrime davantage mais sera impuissant à allonger la charge de son adversaire et à lui faire baisser la tête. Pinchazo, ¾ de lame.
Observations. Les prix au meilleur tercio de varas Prix B. Bertagne donné par la Muleta d’Arles : JL Aillet au 3ème. Prix de l’ADAC : JL Aillet au 3ème Prix du club taurin de Belgique : JL Aillet (3ème) et De Pedro (6ème)
Le torero Rafael Gonzalez, actuellement dans la cuadrilla de Gomez del Pilar, qui avait pris l’alternative à Ceret devant des toros de Fernando
Palha, a reçu un hommage de l’ADAC à l’issue du Paseo.
Reseña : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Le pari perdu de Francisco Montero.
Novillos de C.Yonnet, Concha y Sierra, Dolores Aguirre, C.Yonnet, Barcial, Los Maños
-Francisco Montero (blanc et or) : Salut – avis et silence – silence – avis et silence – avis et silence – avis et salut.
Sobresalientes : A.Pozo et R.Reyes Président : P.Fons. Soleil et bourrasques de vent gênantes. ¾ d’arène. Vuelta contestée au novillo de Barcial (5ème). Bronca au Palco. Tous les novillos ont été applaudis à l’arrastre. Le novillo se Saltillo sorti en première position a été changé par un sobrero de C.Yonnet après la pique pour invalidité Salut des banderilleros au second novillo.
C’était un pari risqué, un novillero contre 6 novillos différents et qui plus est d’encastes exigeants mais c’était la décision de Francisco Montero et elle a été adoptée à l’unanimité par l’ADAC. L’un et l’autre se sont lourdement trompés. Cela n’a pas été la faute du bétail très bien présenté et qui a été très intéressant dans l’ensemble, particulièrement les 1, 2, 5 et 6 qui avaient des oreilles à offrir. Mais le jeune novillero a affiché un manque de ressources morales et techniques débilitant, aggravé par la présence d’un vent soufflant par bourrasques, et a été tout le long de la matinée très en dessous de ses adversaires. Souhaitons qu’il se remette rapidement de ce cuisant échec dû en partie certainement à la pression qu’il s’est mise pour relever ce défi, et qu’il retrouve sa motivation et son enthousiasme.
Le sobrero de C.Yonnet prend trois puyazos en chargeant à chaque fois de plus loin mais ne pousse franchement que lors de la première rencontre. Montero a du mal à trouver le sitio face à cet adversaire juste de forces mais noble sur lequel il ne pèse pas assez et qui finit par s’aviser et raccourcir sa charge.3/4 de lame.
Le Concha y Sierra est un magnifique castaño chorreado de belle prestance applaudi à sa sortie qui s’élance à trois reprises et de plus en plus loin sur la cavalerie pour trois piques bien dosées qui valent des applaudissements au picador. Très gêné par le vent qui se met à souffler en rafales, Montero ne parviendra pas à exploiter le potentiel de ce toro noble mais exigeant, qui offre en particulier de belles possibilités sur le piton gauche. Sa faena manque de rythme et de dominio, il passe presque plus de temps à arranger sa muleta qu’à toréer mais met par contre une belle estocade engagée. Novillo très applaudi à l’arrastre. Pour beaucoup d’aficionados il méritait davantage la vuelta que le Barcial.
Le Dolores Aguirre, sans être intoréable, est le plus exigeant du lot. Il prend deux piques en s’employant moyennement. Montero lui sert une faena assez inconsistante, il fait des passes mais ne s’impose pas et se laisse prendre petit à petit le dessus. ¾ de lame et entière.
Jolie réception par véroniques templées et demie du C.Yonnet applaudi à sa sortie qui sera très mal piqué en deux rencontres et qui s’en ressentira au dernier tiers, offrant toutefois des possibilités que Montero encore une fois ne saura exploiter. Sa faena exclusivement droitière sera pegapase et sans rythme ni construction. 3/4 basse et 2 descabellos.
Le Barcial est un novillo massif lui aussi applaudi à son entrée en piste. Il prend 4 puyazos en poussant la cavalerie contre les planches sur sa lancée mais en sortant tout seul. Montero qui l’a brindé à l’ADAC, semble complètement vidé et à court de moyens dès les premiers muletazos, incapable de se positionner devant le Barcial qui à l’évidence ne demande qu’à passer, surtout sur la gauche. Impuissant et rageur, il va très rapidement chercher l’épée mais la réaction du public l’oblige à se remettre au boulot et il réalise enfin une série gauchère de belle intensité mais cela ne durera pas. Mort laborieuse par manque d’engagement devant un bicho qui n’a pas été vraiment toréé et qu’il a du mal à mettre en suerte. 4 pinchazos et entière tombée. Vuelta contestée du Barcial qui a montré pus de violence et de mansedumbre au premier tiers que de franche bravoure et qu’on n’a pas pu apprécier dans la durée au troisième.
Avec l’énergie du désespoir semble-t-il, Montero tente de reprendre les choses en main face au novillo de Los Maños qu’il va recevoir à Porta Gayola avant d’enchaîner sur une série de chicuelinas serrées. Bronca au picador pour ses deux mauvaises puyas. La faena de muleta débute bien sur deux séries droitières enchaînées avec aplomb, devient plus brouillonne à gauche et s’essouffle rapidement alors que le novillo très noble ne posait aucun problème. Entière et 2 descabellos.
Reseña : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Une tarde épique !
Six toros de Miguel Reta de Casta Navarra
-Francisco Javier Sanchez Vara (blanc et or) : salut – vuelta
-Octavio Chacon (turquoise et or) : silence – silence.
-Miguel Angel Pacheco (blanc et or) : silence – salut.
Président : A.Roques. 4/5 d’arène. Soleil et vent intermittent. Les matadors ont été applaudis avant le paseo et ont été appelés également à saluer à l’issue de ce dernier.
Les banderilleros de Chacon, A.Cacero et V.Valera ont salué au second toro et le picador de Sanchez Vara Navarrete a été ovationné au quatrième.
Les six rouquins affublés de poignards sur la tête de l’encierro de Céret étaient sans nul doute les héritiers des légendaires toros sauvages qui vivaient autrefois dans les Pyrénées et dans les plaines de Navarre. On comprend maintenant pourquoi les toreros ne voulaient plus en entendre parler et de fait la dernière corrida complète de Casta Navarra se lidia à Pamplona en 1929. Aujourd’hui Miguel Reta s’efforce de réhabiliter ce sang pour éviter qu’il ne disparaisse, c’est une tentative louable et très intéressante mais il est certain, et il le reconnait lui-même, qu’il a encore du pain sur la planche pour rendre ses toros plus aptes au combat tel qu’il est conçu de nos jours.
Ceci dit, avoir assisté à cette corrida épique, d’une autre époque, restera un souvenir inoubliable pour les aficionados présents sur les gradins dont je suis heureuse de faire partie car nous avons vécu une tarde d’exception, intense, riche en émotions et l’estomac noué par le danger omniprésent en piste .Heureusement il n’y a eu qu’un peon blessé sans gravité. La plus grande partie du public a été formidable et a soutenu les matadors, les banderilleros et les piqueros durant toute la lidia de ces toros sauvages, violents, querenciosos, s’avisant plus vite que leur ombre et s’intéressant davantage à l’homme qu’à la muleta ou au capote. Mansos perdidos, ils obligèrent pour la plupart les picadors à sillonner le ruedo en tous sens pour tenter de les coincer et les 35 « rencontres » avec la cavalerie se limitèrent pratiquement toutes à des refilons volés au raset sur le passage. Pour les 1er, 3ème et 6ème, on envoya un deuxième picador en renfort mais pour un si piètre résultat que le président dut ordonner à trois reprises les banderilles noires dont la pose ne se révéla pas hélas plus facile à réaliser ! Evidemment l’âge des toros n’a pas du arranger les choses, mais ce n’est certainement pas la seule explication à leur comportement.
Le premier Reta, abanto et distrait, affiche dès sa sortie son désintérêt pour les chiffons et sa préférence pour les hommes. Il fuit au galop les trois premières piques qui se limitent à des égratignures, entre alors le second picador et c’est à nouveau une fuite éperdue entre les deux cavaliers qui partent à sa poursuite lance en main pour tenter de le coincer sans succès, devant se contenter de onze piqûres données au hasard sur le passage. Avec les banderilles noires, c’est le banderillero qui lâche tout au premier passage pour partir en courant face au danger. Ils parviendront finalement à en poser trois. Au dernier tercio, le Reta s’installe au toril. Sanchez Vara se fait désarmer dès les premières passes en tentant de le sortir de sa querencia, encore deux ou trois tentatives mais le bicho ignore la muleta et vient sur lui. Quelques passes de châtiment et la messe est dite. Difficile à mettre en suerte et à tuer car il se défend et lève la tête sans arrêt. Pinchazo, ¾ de lame et deux descabellos. Le quatrième est loin d’être un enfant de chœur mais il parvient à le fixer au capote. Il part seul au cheval qu’il renverse lors de la première pique avant de se mettre sur le recul pour les 3 suivantes brèves et données hors ligne. Pour la cinquième, on inverse les rôles et c’est le picador qui se placera au centre. Une très bonne lidia de Navarrete ovationné à sa sortie. Au dernier tercio, le Reta charge court et donne de violents coups de tête dans les passes. Sanchez Vara s’arrime et tire 3 séries de derechazos très valeureuses saluées par un aficionado sur les gradins qui résume ce que tout le monde ressent : « Los cojones que tienes, Francisco Javier ! Gracias ! » La corne gauche est trop dangereuse, il ne s’y aventure pas. La mise à mort n’est pas aisée avec cet adversaire très armé qui ne baisse pas la tête. Pinchazo, demie plate et descabello. Pas d’oreille mais une vuelta très fêtée.
Bonne lidia de Chacon avec le capote face au second qui a très vite compris où se trouve l’homme. Après deux petites rencontres, le toro fuit au toril, les deux autres rencontres se font avec le piquero au centre. De superbes et valeureuses paires de banderillas posées par A. Cacero et V.Valera qui mettent le public debout sur les gradins pour une ovation majuscule. Malgré ses efforts, au dernier tercio Chacon ne parviendra pas à déloger de sa querencia au toril le Reta qui se défend sur place. Il écourte. 2 pinchazos et ¾ de lame. Le cinquième, le plus gros mais le moins armé, rentre avec violence dans le capote. IL pousse lors d’une très bonne première pique mais affiche sa mansedumbre lors d’une seconde rencontre brève. Il sera ensuite impossible de le châtier davantage, même avec le second picador car il s’échappe au triple galop dès qu’un cheval s’approche ! Pour les mêmes raisons, on ne parviendra à lui poser qu’une seule banderille noire. Impossible à piquer, ce toro sera également impossible à toréer. Chacon perd les papiers dès l’entame de faena et lâche tout en se sauvant poursuivi par le toro qui ne voit que lui à deux reprises. Fin des hostilités.La mise en suerte pour la mort va être très compliquée, il réussit cependant à se débarrasser rapidement de ce dangereux adversaire d’un trois quart de lame bas mais très efficace.
Enfin un petit moment de répit avec le troisième qui, bien qu’affublé de deux poignards sur la tête, se laisse faire et répète dans le capote de Pacheco. Sa différence avec les autres s’affiche aussi au premier tiers. Celui-ci ne fuit pas les chevaux, il les ignore superbement et passe à côté d’eux comme s’ils n’existaient pas, sans même leur jeter le moindre coup d’œil ! Rebelote, on fait sortir un second cheval qui n’attire pas davantage son attention et on lui pose deux banderilles noires. Entre temps, il s’intéresse davantage à un peon qu’il déshabille et envoie à l’infirmerie. Ayant pris goût au jeu, il s’avise de plus en plus et dès les premiers muletazos fonce sur Pacheco qui lâche tout et saute dans le callejon. A por espada. Pinchazo, entière et deux descabellos. Il fixe avec autorité le dernier aux armures impressionnantes qui se retourne comme un chat dans le capote. Trois mauvaises piques et mucho capotazo pour ce toro manso qui tire au toril lui aussi. Pris spectaculairement mais apparemment sans blessure dès la seconde passe de muleta, Pacheco sera impuissant à sortir le toro d’une querencia qu’il défend violemment. A por espada . Entière et 3 descabellos.
Le public est resté pour applaudir les trois toreros à leur sortie, et l’on sentait que ce
n’étaient pas des applaudissements de parade.
Reseña : Nadine Regardier, photos Michel Volle
Les Saltillo maîtres du ruedo
Six toros de Saltillo
-Fernando Robleño (bleu roi et or) : avis et salut – bronca
-Javier Cortes (aubergine et or) : salut – silence
-Noe Gomez del Pilar (bleu canard et or) : 2 avis et salut – salut
Casi lleno. Soleil et vent. Président : André Roques
Les trois banderilleros de Gomez del Pilar, Ivan Aguilera, Raul Ruiz Bonilla et J Cebadera ont salué respectivement au x 3ème et 6ème toros.
Prix de la meilleure pique : ADAC : desierto CTB : desierto La Muleta (arles) : (3ème) Placido Sandoval.
Très bien présentés, mansos et/ou violents sous la pique (22 rencontres en comptant les 8 piques du dernier manso perdido), puissants, agressifs, difficiles à leurrer et prompts à s’aviser, semant la panique notamment lors des tercios de banderillas des second, quatrième et cinquième, les toros de Saltillo sont restés les maîtres du ruedo jusqu’au bout et ont tous été applaudis à l’arrastre. Aucun des trois toreros n’est parvenu à les dominer, Robleño n’a pas pu ou pas su, Cortés n’était pas vraiment là, surtout devant le cinquième, Gomez del Pilar, tout aussi impuissant que ses compagnons de cartel, s’est toutefois arrimé et s’est surtout attiré la sympathie du public par la responsabilité dont il a fait preuve durant toute la tarde et par ses interventions opportunes y compris quand il s’est substitué au chef de lidia qui avait plus ou moins abandonné son poste, démoralisé par les sifflets qui fusaient des gradins.
Robleño fixe énergiquement son premier adversaire avec le capote et soigne la mise en suerte pour deux piques (une rectifiée et pompée, l’autre trasera) que le Saltillo prend en se défendant. Le toro va couper méchamment les terrains au second tiers ce qui ne mettra pas en confiance le matador qui entame sa faena de muleta avec circonspection laissant l’adversaire lui prendre le dessus dans un premier temps mais s’arrimant un peu plus par la suite pour parvenir à lui tirer une série correcte sur chaque corne. 2 pinchazos et entière. Le quatrième s’emploie avec violence sous trois mauvaises piques sévères qui valent des huées à leur auteur. Débandade aux banderillas, les peones poursuivis par le toro les placent n’importe comment quand ils ne les jettent pas par terre avant de plonger dans le callejon. Pas de quoi se moquer comme l’ont fait certains sur les gradins, oubliant la gravité du moment. Pas franchement à l’aise et laissant la place pour un autobus entre lui et le Saltillo qui marche la tête haute distraido en fin de passe, Robleño se fait siffler. Véxé, celui qui fut un temps le chouchou de Céret va chercher l’épée, ce qui ne fait qu’aggraver son cas. Tiers de lame et grosse bronca. Un silence aurait été plus de mise.
Lidia désastreuse aux deux premiers tiers avec le second Saltillo qui reçoit trois mauvaises piques en essayant de prendre le cheval par devant à chaque fois ( piquero hué) et qui sème lui aussi la panique parmi les banderilleros en fonçant sur tout ce qui bouge avec des intentions qui ne laissent guère place au doute. Jeux de flechettes et plongeons dans le callejon. Cortés arrachera quelques passes valeureuses en mode guerrier à ce violent Saltillo sans pouvoir pour autant dominer la situation et terminera rapidement dans son terrain au toril. Pinchazo et ¾ de lame. Il se fait désarmer d’entrer au capote par le cinquième très typé Saltillo qui lui vient dessus. Le toro pousse, se défend et sort seul respectivement de trois piques assassines et nouvelle bronca pour le piquero . Le même scénario se répète aux banderillas. Cortés restera très prudent avec la muleta, faisant le minimum syndical devant cet adversaire qui ne manquait pas de noblesse et méritait mieux. 2 pinchazos et entière basse.
Le troisième Saltillo charge avec puissance et s’allume sous une première pique basse de Sandoval, revient avec force pour secouer et pousser le groupe équestre sans que le piquero ait pu placer sa puya mais ne fait que se défendre lors de la dernière rencontre. Applaudissements. Contrairement aux autres, les banderilleros de Gomez del Pilar se sont montrés compétents et très efficaces et on salué aux deux toros de leur maestro qui n’étaient pourtant pas des bombons. Ce dernier attaque sa faena par une série de doblones aussi efficace qu’esthétique. Peu aidé ni par le vent qui souffle assez fort à ce moment là ni par le genio d’un adversaire qui a très vite compris où était la bonne cible, Noe s’arrime pourtant et l’oblige le temps de quelques courtes séries droitières mais ce ne sera pas suffisant pour le dominer totalement et il aura du mal pour le fixer à la mort et le tuer. 1/3 de lame, entière et 2 descabellos. Le dernier freine dans le capote et cherche la sortie dès son arrivée en piste. Manso perdido et violent, il va obliger le picador à faire un tour de piste complet afin de pouvoir le piquer, au rasé la plupart du temps, et la huitième fois alors que les clarines venaient de sonner. Pendant ce temps, le président s’évertuait sans résultat à faire des signes pour qu’on fasse entrer le deuxième cheval. Mais que faisaient les alguaciles ? Au dernier tiers, le Saltillo réfléchit avant de foncer sur Gomez del Pilar qui lui présente la muleta de la main droite, la fait voler quand il la lui présente de l’autre main. Le matador réfléchit lui aussi mais pas longtemps. A por espada. Entière et deux descabellos.
Le triomphe de Maxime Solera
Cinq novillos de Monteviejo et un sobrero de Urcola (3ème)
-Juan Carlos Carballo (turquoise et or) : silence – salut
-Aquilino Giron (violet et or) : salut – silence
-Maxime Solera (rouge et plata) : Avis et 2 oreilles – avis et vuelta.
¾ d’arène. Sol y nubes. Président : M.Pons.
Salut des banderilleros Fernando Casanova au 3ème et Omar Guerra au 6ème.
Prix de la meilleure pique remis par le CTB : Pepe Aguado au 3ème.
Sérieux de présentation, les novillos de cette matinée n’ont rien donné de sensationnel à la pique (17 rencontres) Bien que manquant de force et de moteur ensuite dans l’ensemble, ils exigeaient cependant une lidia sérieuse. Le plus intéressant à la muleta a été le noble et encasté sobrero de Urcola, remplaçant le troisième Monteviejo qui s’était cassé une corne en tapant au burladero. Premier et quatrième étaient maniables, second, cinquième et dernier plus compliqués. Le triomphateur incontesté de cette novillada a été Maxime Solera qui a su insufflé beaucoup d’émotion et d’intensité à ses deux faenas devant des adversaires totalement différents, se hissant nettement au dessus de ses compagnons de cartel.
Le premier Monteviejo lourd et sans jus prend mollement trois puyazos, le dernier après moult capotazos pour le mettre en suerte. Même topo au second tercio. Juan Carlos Carballo ne parviendra pas à se mettre en confiance devant cet adversaire un peu mollasson mais impressionnant de par sa taille qui ne présente pas de danger majeur. Faena marginale et inconsistante, principalement par ayudados et sans ligazon. 2 pinchazos et ¾ contraire. Le quatrième qui s’emploie par à coups lors de trois rencontres, manque aussi de moteur au dernier tiers mais se laisse faire. Débutée prudemment, la faena de Carballo ira petit à petit à mas sans qu’il réussisse toutefois à donner beaucoup d’intensité à sa prestation. Pinchazo et entière basse.
Aquilino Giron qui relevait de blessure n’a pas pu s’imposer face au lot le plus coriace de la matinée. D’abord débordé au capote par le second Monteviejo qui va prendre trois piques sans éclat, il se fait cueillir dès les premières passes de muleta et à partir de là ne pourra plus rien faire face à ce novillo qui ne voit que lui. Entière caida. Il n’aura pas plus de chance avec le cinquième qui après un refilon, se défend plus qu’il ne pousse lors de trois autres rencontres et arrive au dernier tiers parado et très avisé, en particulier sur le piton droit. Aquilino, vaillant, a voulu s’y frotter mais le bicho l’envoie dans les airs. Arrêt des jeux. 2 pinchazos, entière.
Maxime Solera se fait renverser lors d’une Porta Gayola par le troisième Monteviejo qui sort comme une bombe et va se fracasser une corne contre le burladero sur sa lancée. Pas impressionné pour autant, le français remet ça à la sortie du sobrero de Urcola. Un peu entortillé mais pas touché cette fois. Le novillo s’emploie très moyennement sous deux bonnes piques de P.Aguado mais va se révéler au dernier tiers d’une noblesse vibrante que Solera saura mettre en valeur lors d’une faena enthousiaste débutée plein centre en citant de loin et conduite sur les deux cornes avec autorité et sur un rythme soutenu. Le novillero va nous offrir une mise à mort spectaculaire. Au moment de vérité, Solera se débarrasse de sa muleta, se jette entre les cornes pour l’estocade et enchaîne par un saut périlleux sur le dos du novillo avant de retomber sur ses pieds avec une aisance déconcertante. L’épée est trasera , il y aura encore deux descabellos mais le palco n’hésite pas à accorder deux oreilles que personne ne contestera. Il saura s’imposer également devant le dernier Monteviejo, juste de force et avisé, qu’il va toréer avec beaucoup d’entrega et de sincérité, concluant sa faena sur un recibir suivi de deux descabellos. Pas d’oreille cette fois mais une vuelta très applaudie et une sortie a hombros à Céret, ça n’arrive pas tous les jours !
Les Fraile : retour et déception.
Cinq toros de Juan Luis Fraile et un sobrero de Peñajara (2ème)
-Javier Castaño (bleu marine et or) : silence – silence
-Ivan Vicente (rose, noir et or) : sifflets – silence
-Joselillo (rouge vermillon et or) : avis et salut – silence
4/5 arène. Président : M.Sicet. Temps ensoleillé et chaud avec petite bise.
Prix de 200 euros remis par le Club Taurin de Bruxelles à la meilleure pique : J.M Vicente au 2ème et Placido Sandoval au 3ème.
Salut du banderillero José Rus Alvarez au second.
Beaucoup de déception pour ce retour des Fraile. Par la présentation d’abord avec un lot desigual dont deux exemplaires de petit gabarit, premier et sixième, ce dernier étant fortement protesté à sa sortie pour un cruel manque de trapio. Au niveau du comportement, premier et cinquième se sont révélés quasiment invalides, le second qui présentait un coup de corne très visible a du être changé à sa sortie par un sobrero de Peñajara. A part le sixième qui a duré un peu plus longtemps, ces toros ont manqué de charge au dernier tiers et se sont vite mis en mode défensif dans la muleta. Le meilleur moment de la tarde restera assurément le tercio de varas spectaculaire du troisième avec Placido Sandoval aux commandes du cheval. 15 rencontres au total.
Castaño n’insiste pas plus qu’il ne faut devant le premier Fraile anodin sous deux piques sans éclat qui a beaucoup de mal à rester debout et proteste dans la muleta. Entière en place concluante. Le quatrième sort comme une bombe du toril et se tanque au centre avant de foncer avec une fougue sauvage dans le capote de Castaño. IL rentrera fort à trois reprises dans le peto sans beaucoup s’employer. Ce Fraile va s’aviser rapidement au dernier tiers. D’abord sur ses gardes, Castaño fera quelques efforts pour lui tirer des passes sur les deux bords sans réussir à s’imposer. Peu engagé à la mort, il se fera huer pour avoir pris le descabello sans avoir vraiment mis d’estocade après trois échecs avec l’épée.
Le Peñajara qui remplace le second Fraile blessé s’abîme une corne dès sa sortie en tapant au burladero.Ivan Vicente qui a réalisé une jolie réception en le fixant au centre , aura du mal par contre à le mettre en suerte pour la première pique laissant son peon aux manœuvres. Le bicho prend trois bonnes piques avec plus de violence que de bravoure, violence qui va se confirmer dès que Vicente lui présentera la muleta. Ce dernier, affichant son impuissance, s’en débarrassera rapidement après un désarmé et un sauve qui peut en sautant dans le callejon. ¾ basse.
Le cinquième est le plus beau du lot. Il s’endort un peu dans le peto lors de la première rencontre et sort de la seconde avec la pique plantée dans le dos ! Dans le doute et sur le recul dans un premier temps avec la muleta devant ce Fraile qui s’affale à plusieurs reprises sur le sable, Vicente finit par comprendre qu’il ne présente pas de danger majeur et se lance dans une faena d’infirmier sans grand intérêt sous les « olé » ironiques de quelques spectateurs. ¾ de lame.
Le troisième Fraile se tanque au centre et réfléchit beaucoup avant de s’engouffrer dans les capotazos vibrants de Joselillo. Il fonce sur le
piquero pas encore en place avant d’être placé de plus en plus loin pour trois autres rencontres spectaculaires, réfléchissant longtemps avant de charger avec beaucoup de puissance et de violence sur le cheval parfaitement maîtrisé par Sandoval qui sera
chaleureusement applaudi à sa sortie. Joselillo parviendra tout juste à tirer quelques derechazos
méritants mais sans pouvoir lier devant cet adversaire qui va très vite s’arrêter, l’obligeant à écourter sa faena. Pinchazo et entière caida. Le sixième dont la présentation est indigne de Céret
est protesté violemment sur les gradins. Visiblement déstabilisé par l’ambiance qui règne dans l’arène, Joselillo a du mal à se concentrer devant cet adversaire pourtant maniable. Sa faena, électrique et peu construite finira en queue de poisson. Pinchazo et entière.
Reseñas y fotos (N. Regardier-Michel Volle)